Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Gardez l’oeil sur les pathologies de la macula
À l’occasion des journées de la macula, les ophtalmologistes rappellent l’importance du dépistage et incitent les patients à ne pas interrompre suivi et traitement durant la pandémie
Elle est le centre de la rétine, située parfaitement dans l’axe de la vision : la macula est aussi la zone la plus riche en photorécepteurs et c’est pour cette raison que les maladies qui la touchent sont particulièrement handicapantes en termes de vision. La DMLA – dégénérescence maculaire liée à l’âge – est la plus connue, la plus fréquente aussi, mais ce n’est pas la seule. À l’occasion des journées nationales de la macula, du 23 au 28 novembre, le Dr Philippe Blanc, ophtalmologiste à Saint-Raphaël, rappelle tout l’enjeu de la prévention pour ces maladies.
Quelles sont les maladies de la macula ?
Il y a bien sûr les DMLA mais il existe plusieurs maladies apparentées qui ne sont pas forcément liées à l’âge. La maladie de Stargardt, par exemple, est génétique. Il y a aussi des maladies tractionnelles de la rétine, comme la membrane épimaculaire ou le trou maculaire. Et il ne faut pas oublier le diabète qui peut provoquer des oedèmes au niveau de la rétine centrale.
Dans le cas des DMLA, pourquoi est-il si important de les détecter très tôt ?
Il en existe deux formes : la DMLA sèche, qui atrophie la rétine et la DMLA humide, qui évolue par poussée. Des petits vaisseaux anormaux se développent sur la rétine et détruisent les photorécepteurs.
Avant on ne disposait pas de traitement, mais ce n’est plus le cas. Si on l’applique très tôt pour détruire ces vaisseaux – ce sont des piqûres dans l’oeil –, on peut ralentir les poussées. Plus on agit tôt, mieux on préserve les photorécepteurs.
Et sinon ?
Avec une DMLA on devient aveugle au sens légal, mais pas au sens où on l’entend habituellement. On développe ce qu’on appelle une cécité légale : une acuité visuelle inférieure à 1/20e à la lecture, une incapacité à reconnaître les visages, l’impossibilité de voir la télé à plus de 30 cm… Ce sont souvent des gens âgés et cela accroît le risque de dépendance.
Quels sont les signes qui doivent alerter ?
Ce sont les mêmes pour toutes les maladies de la macula : une perte d’acuité visuelle, des lignes qui se déforment, une tache noire au centre de la vision. La prévention est essentielle face à une maladie qui peut évoluer pendant plusieurs mois assez silencieusement. On peut surveiller l’évolution de la maladie avant le stade de la dégénérescence.
À partir de quel âge faut-il se faire dépister ?
Il faut le faire à partir de 55/60 ans. c’est encore rare à cet âge-là, mais l’enjeu est d’agir le plus précocement possible, pour pouvoir continuer à vivre normalement. Il y a des patients qui ont des injections régulières depuis des années et qui conservent une vision correcte.
Cette surveillance primordiale a pourtant fait défaut au début de la pandémie de Covid ?
Lors du premier confinement, on ne recevait dans nos cabinets que les urgences. On a vu peu de patients, ils ne sont pas venus et on s’est aperçu que beaucoup de gens ont vu leurs pathologies s’aggraver. Or avec les DMLA, on ne peut pas revenir en arrière ! Quand on perd de l’acuité visuelle, on ne la récupère jamais complètement. C’est pour ça qu’il est très important de continuer à suivre toutes les pathologies : les DMLA mais aussi les glaucomes. Les patients ne doivent pas rester sans traitement. Il ne faut pas avoir peur de venir : on respecte les consignes sanitaires, on aère nos salles d’attente… Cette foisci, les gens ont compris et heureusement, ils se font suivre.