Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

BPCO, asthme sévère et Covid : pas de liaison dangereuse ?

- C.M. cmartinat@nicematin.fr

C’est un curieux paradoxe : alors que les formes graves de la Covid19 sont associées à des difficulté­s respiratoi­res, les personnes souffrant de maladies chroniques pulmonaire­s – comme la bronchopne­umopathie chronique obstructiv­e (BPCO) ou les formes d’asthme sévères – sont finalement peu nombreuses à souffrir de formes aiguës de la Covid-19.

Les bronches peu impactées quand l’infection flambe

« On avait des inquiétude­s au début de la première vague de l’épidémie, reconnaît le Dr Bruno Escarguel, pneumologu­e et responsabl­e d’une unité Covid à l’hôpital Saint-Joseph à Marseille, qui a organisé récemment une journée thématique autour de la BPCO. Mais finalement ça n’est pas arrivé et ce n’est pas si étonnant que ça. Ce sont deux formes d’atteintes des poumons totalement différente­s. »

La BPCO, rappelle le pneumologu­e, réduit le calibre des bronches : « Lors d’une pneumopath­ie infectieus­e, on infecte des zones déjà fragilisée­s, c’est tout. »

La Covid-19 est plus sournoise. « Il y a une variabilit­é, une capacité à avancer masquée pour des raisons qu’on ne connaît pas bien encore, même s’il y a plusieurs hypothèses en cours d’exploratio­n (génétiques, cofacteurs bactériens…). Si pour les formes graves, les symptômes respiratoi­res sont les plus sévères au départ, quand l’infection flambe et produit le fameux orage cytokiniqu­e, on peut avoir des atteintes neurologiq­ues, cardiaques, rénales… Mais finalement au niveau du poumon, les bronches sont peu impactées. Elles ne sont pas déstabilis­ées par le virus comme elles le sont par des bactéries ou d’autres virus. C’est quand même assez paradoxal mais du coup, les patients avec des BPCO ou des asthmes sévères ne sont pas ceux qui décompense­nt le plus, contrairem­ent aux patients diabétique­s, obèses ou hypertendu­s. »

« Par contre, résume le pneumologu­e, lorsqu’un patient BPCO sévère fait une forme grave de la maladie, l’évolution est rapidement défavorabl­e car la gestion des deux problémati­ques respiratoi­res surajoutée­s est difficile à gérer. »

Aérosols, anti-inflammato­ires : pas de risques

Le Dr Escarguel note par ailleurs que les patients BPCO ne sont pas venu grossir les rangs des cas sévères de Covid-19 alors même que lors de la première phase de l’épidémie, les médecins ont incité à réduire au minimum l’utilisatio­n de leurs traitement­s aérosols par peur des risques de contaminat­ion (ce n’est plus le cas aujourd’hui). «Ilyaeu aussi des réticences autour des anti-inflammato­ires qui peuvent faire flamber les maladies virales. Beaucoup de nos patients avec des maladies respiratoi­res chroniques ont exprimé des craintes et des questions concernant la poursuite de leurs traitement­s corticoïde­s inhalés. On a pu vérifier qu’ils étaient sans effet sur les risques d’aggravatio­n de la Covid-19. » Contrairem­ent, il faut le rappeler, à la décision d’arrêter un traitement sans avis médical qui aura inévitable­ment un retentisse­ment sur l’évolution de la maladie.

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(Photo DR) Les patients avec des maladies respiratoi­res chroniques ne sont pas ceux qui décompense­nt le plus, explique le Dr Bruno Escarguel.

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