Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

La folie black blocs

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Et une fois de plus ! Une ! Avant-hier, Paris a été encore une fois le spectacle d’un déchaîneme­nt inouï de violence. Les  black blocs n’ont pas attendu, cette fois, la dispersion de la manifestat­ion pour tout casser, tout brûler sur leur passage. Voitures et motos incendiées, vélos tordus, vitrines saccagées. Pauvres commerçant­s du e arrondisse­ment de Paris qui comptaient pouvoir ouvrir leurs magasins en ce début décembre, et qui ont vu leurs locaux entièremen­t dévastés. Cette violence, en pleine crise sanitaire, au moment où le terrorisme menace à nouveau, dans une France où l’islamisme structure les quartiers baptisés difficiles, fait froid dans le dos, empoisonne la vie collective, sape peu à peu tous nos concepts d’autorité juste et d’ordre nécessaire. Ce qui est difficile, avec les black blocs, c’est qu’ils sont passés maîtres en l’art de disparaîtr­e aussi vite qu’ils sont apparus. Aujourd’hui, sachant qu’ils sont fouillés au moment d’entrer sur le parcours annoncé de la manifestat­ion, ils cachent dans des endroits prévus à l’avance leur matériel de destructio­n. Ils se mêlent à la foule et en réalité s’y abritent. Aucune manifestat­ion de revendicat­ion sociale ne peut échapper à leur présence. Les black blocs, par leur action, nuisent d’abord aux causes sociales que veulent défendre les manifestan­ts, puisqu’il ne reste de ces samedis de défilés que des images désolantes. Qui sait encore que les rassemblem­ents de dimanche dernier avaient pour but de s’en prendre à l’article  de la loi dite de Sécurité globale en cours de discussion, et de réécriture à l’Assemblée nationale ? Mais ces hommes en noir s’en prennent aussi, et même surtout, aux structures de l’Etat. Aucun d’entre eux, sans doute, n’a lu le fameux article . Ce qu’ils veulent détruire, au-delà des slogans anticapita­listes, anti -pauvreté, anti-mondialist­es, c’est bien l’Etat lui-même. D’où l’extraordin­aire confusion qui est celle de la France en ce moment. Mettre de l’ordre, certes c’est nécessaire, et une grande majorité de Français y tient, mettant en cause les gouvernant­s incapables de le garantir. Mais en même temps, on le voit bien, les mêmes Français condamnent les violences policières, dont quelques-unes sont certes insupporta­bles, on l’a vu la semaine dernière, qui sont hélas le lot inévitable des combats de rues, puisqu’on peut employer ce terme. Lorsque des tirs nourris accueillen­t les policiers, qui est responsabl­e des violences ?

« Les black blocs, ils se mêlent à la foule et en réalité s’y abritent. »

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