Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Rapt Veyrac à Nice : Serena seul contre tous

- CHRISTOPHE PERRIN

On l’imagine au temps de sa splendeur, avec son accent italien charmeur, son rire tonitruant, saluer les clients de table en table, dans une trattoria de la rue Lascaris à Nice, fier d’arborer un macaron au guide Michelin. Fort de ce succès, il a pris dans le même temps la locationgé­rance du prestigieu­x restaurant La Réserve, au port. Depuis 2009, Serena a tout perdu : son compagnon finlandais, as des fourneaux, sa fortune, réelle ou supposée et sa liberté. Même s’il est à l’extrême droite du box, séparé des autres coaccusés, Guiseppe Serena est au coeur du procès des enlèvement­s (l’un raté, l’autre réussi) de Jacqueline Veyrac qui s’est ouvert lundi à Nice, devant la cour d’assises des AlpesMarit­imes.

« Coupable idéal »

Le président Patrick Veron l’invite à s’expliquer : « Vous êtes présent dans les deux dossiers de 2013 et 2016, poursuivi pour tentative d’extorsion, associatio­n de malfaiteur­s, complicité d’enlèvement. Quelle est votre position ? Que voulez-vous nous dire ? »

Guiseppe Serena, 67 ans, se lève, stature impression­nante et souffle court : « Je confirme intégralem­ent toutes mes déclaratio­ns de garde à vue et pendant l’interrogat­oire du juge d’instructio­n. Je n’ai absolument rien à voir avec cette organisati­on, cette mascarade. Ils ont trouvé en moi le coupable idéal. Je suis totalement innocent je le dis depuis quatre ans. Personne ne prend en considérat­ion mon état de santé alors que certains sont libres. » Guiseppe Serena charge Enrico Fontanella, son ami de quarante ans, absent tant son état de santé l’empêche selon les médecins experts, de comparaîtr­e.

« Il cherche à me faire porter le chapeau », affirme Guiseppe Serena.

« Pourquoi avez-vous autant d’accusateur­s dans le dossier », s’interroge le président Véron. « Fonantella a étudié ce projet et l’a organisé avec Dutton et Durso », rétorque, toujours aussi énergique, le sexagénair­e. Devant l’enquêteur de personnali­té, Guiseppe Serena s’est vanté d’avoir travaillé au ministère du Budget italien, tout en omettant ses condamnati­ons pour banquerout­e dans son pays natal.

Il a parlé de ses fonctions de conseiller municipal dans sa ville de Salassa, a évoqué de multiples projets de reprise d’établissem­ents comme Le Masque de Fer, sur l’île Sainte-Marguerite, au large de Cannes. Établissem­ent sur le domaine maritime qui sera détruit.

Compte off-shore au Panama

Pas de problème financier à l’écouter.

Son compte off-shore au Panama le mettrait à l’abri du besoin mais l’enquêteur de personnali­té fait remarquer que M. Serena a laissé 43 000 euros d’arriérés de loyer à son compagnon cuisinier.

À plusieurs reprises, le président Veron rappelle aux jurés qu’en l’absence documents, les propos tenus par l’accusé devant l’enquêteur de personnali­té sont invérifiab­les. Aujourd’hui, les enquêteurs de la police judiciaire se succéderon­t à la barre avec un certain nombre de preuves. Ils expliquero­nt avec force détails pourquoi, selon eux, Guiseppe Serena, par appât du gain, a préparé à deux reprises l’enlèvement de la riche Jacqueline Veyrac. Un dur retour à la réalité du dossier après la parenthèse enchantée de sa vie profession­nelle.

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(DR) Guiseppe Serena avait connu le succès avec un restaurant à Nice. Plus dure sera la chute avec la location-gérance de La Réserve, propriété de Jacqueline Veyrac.

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