Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« Jouer l’Europe à fond, si... »
Suspendu aux décisions de la LNR qui a reporté le match face à Bayonne et à celles de l’EPCR pour celui des Scarlets, le RCT attaque 2021 dans le flou complet. Bernard Lemaître fait le point
Les agents et joueurs vivent encore dans l’ancien monde”
Le match face à Bayonne a finalement été reporté... C’est logique. Il semblait impossible que l’Aviron puisse se présenter à Mayol vendredi. Nous étions éventuellement prêts à le jouer dimanche mais pas la semaine prochaine...
Pour pouvoir jouer à fond la Champions Cup ?
Je fais partie des gens qui pensent que c’est une compétition importante pour le rugby français qui s’y est très souvent illustré, que ce soit par Toulouse ou Toulon… Il y a également un enjeu financier important. On ne souhaite donc pas brader cette épreuve mais nous voulons jouer à certaines conditions. La coupe d’Europe, aujourd’hui, à cause des défaillances de son organisateur, menace le Top . Imaginez que ce soit Toulouse, le Racing ou Toulon qui ait été contaminé… Ce serait un scandale. Bayonne a déjà trois matches en retard. C’est inqualifiable et pas imputable au Top .
Vous êtes donc prêt à jouer face aux Scarlets si le protocole sanitaire est renforcé en Grande-Bretagne ?
De notre côté, on est extrêmement rigoureux, comme le sont je pense la majorité des clubs français. Résultats, c’est encore gérable car le nombre de contaminations est faible. Nous, on n’en a eu aucune depuis le mois de mars, c’est dire… Si les Britanniques faisaient la même chose, avec la même rigueur avant les compétitions, on ne serait pas dans cette situation. C’est assez scandaleux et j’attends de la Ligue qu’elle soit extrêmement ferme ce soir (hier soir). On a une réunion à ce sujet, et j’espère que je ne serai pas le seul à être assez virulent.
Quel bilan sportif pour cette première moitié de saison ?
Le bilan est correct. Il est en dessous de nos ambitions car on n’a pas été capable de gagner un deuxième match à l’extérieur. Mais nos ambitions sont inchangées. Notre but n’est pas seulement de nous qualifier et d’être dans les six, mais d’être si possible dans les quatre.
D’un point de vue financier ?
Le club est chaque mois un peu plus mal. On perd million par mois, voilà…
Qu’envisagez-vous pour l’avenir ?
Sauf à licencier massivement… La masse salariale représente % du budget. Pour sauver une entreprise qui dépend à % de la masse salariale dans laquelle les joueurs sont essentiels, il faut licencier massivement…
Ou que les joueurs acceptent de faire des efforts…
Oui, ils ont fait des efforts mais ce n’est pas significatif par rapport au budget du club. C’est méritoire, on est content mais bon…
Et sur les perspectives de retour du public au stade ?
On a la chance de pouvoir combler les trous. On continue. Il y en a un peu marre par moments mais globalement je garde le moral…
La visibilité ?
Notre vie est rythmée en grande partie par les matches, donc on n’a pas vraiment de visibilité sur l’avenir proche. On ne sait pas quand on rejouera Bayonne. On ne sait pas si on jouera les Scarlets ici. Je peux juste vous dire que si la rencontre contre les
Scarlets peut se dérouler, on va la jouer à fond. On ne va pas lâcher. Mais pour l’instant, nous n’avons aucun retour de l’EPCR. Il y avait une réunion médicale Ligue/EPCR lundi mais je ne vois pas à quoi elle a pu servir dans la mesure où l’EPCR n’a pas de staff médical propre. À Llanelli, l’EPCR s’est conformé à l’avis des médecins gallois au grand dam de notre médecin qui était contre. Non pas pour le plaisir d’être contre mais parce que cela semblait d’un laxisme total.
Le recrutement à venir : quelle philosophie, quelle priorité ?
Nous avons des joueurs
essentiels ou très importants que nous voulons garder. Mais nous espérons aussi obtenir une réduction de la masse salariale car le monde a changé. Ce n’est pas facile. Les agents et les joueurs vivent encore dans l’ancien monde. D’un point de vue général, nous voulons conserver une équipe compétitive l’an prochain. Mais il n’y aura rien de spectaculaire. Enfin, notre dernier objectif consistera à faire en sorte de respecter le salary cap, sans entourloupes...
L’accord FFR/LNR sur la libération des internationaux vous convient-il ?
Oui, j’aurais préféré plutôt que mais tout dépend surtout à quelle date on nous renverra les joueurs non concernés par les matches. Si c’est vraiment le jeudi matin, on a encore une chance de pouvoir les faire jouer le week-end. Il y a un petit progrès mais cela reste une cote mal taillée. Et comme toutes les cotes mal taillées, elles ne satisfont vraiment personne. Mais on sait que nous devons faire des concessions…