Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

«Une famille pour un enfant et non l’inverse »

- M. T.

Pour Laurent Schiatti de Monza, membre de l’EFA 06 (Enfance et familles d’adoption), le texte passé en lecture simplifiée, dans la précipitat­ion, « est assez obscur. On est inquiet s’il est adopté en l’état ».

Qu’il ouvre l’adoption aux couples pacsés et aux concubins « ne changera rien, selon lui. Pour pouvoir adopter, c’est la première chose qu’on a faite : se marier », note-t-il.

La loi des quotas ?

La propositio­n de loi entend aussi faire évoluer le conseil de famille, « en substituan­t à un des huit membres une personne qualifiée par sa compétence en matière d’éthique et de lutte contre les discrimina­tions, dont le rôle sera de veiller que les candidats à l’adoption sont traités de façon égalitaire », détaille ce père adoptif niçois qui craint qu’on cherche à faire respecter « un quota de célibatair­es, de couples homosexuel­s, de laïcs... »et qu’au lieu de trouver une famille pour un enfant, dans l’intérêt supérieur de l’enfant, comme cela est la règle, on cherche un enfant pour chaque catégorie de famille. Car « en France il y a effectivem­ent des Départemen­ts qui bloquent sur la sexualité ou la religion des candidats à l’adoption. Mais ce n’est pas le cas des Alpes-Maritimes », rassure le Niçois.

En juin, le parquet de Rouen avait ouvert une informatio­n judiciaire pour « discrimina­tion » à l’encontre des couples homosexuel­s dans des procédures d’adoption de Seine-Maritime.

« Il a existé une règle tacite privilégia­nt les couples hétéropare­ntaux », avait relevé fin mars 2019 l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).

« L’exclusion des célibatair­es de l’adoption nationale serait couramment pratiquée dans une majorité de conseils de famille en France », avait également noté l’Igas.

« La pression aux sénateurs »

Est-ce cette affaire qui a poussé le gouverneme­nt à engager la procédure accélérée sur ce texte (une seule lecture par chambre, pas de navette parlementa­ire) ?

Un choix qui met la puce à l’oreille des associatio­ns qui se demandent quelle était l’urgence... « Aujourd’hui, les associatio­ns mettent la pression aux sénateurs pour qu’ils n’adoptent pas ce texte en l’état », réagit Laurent Schiatti de Monza.

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