Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Une offre « irrégulièr­e » épinglée par la justice

L’attributio­n d’un marché à 2,5 millions d’€, sur le système de filtrage de la station Amphitria, a été retoquée. La métropole TPM fait appel

- SO. B.

L’offre était-elle conforme ? Voilà la question dont le tribunal administra­tif de Toulon a été saisi, après l’attributio­n d’un marché public passé par la métropole Toulon Provence Méditerran­ée (TPM). La société Quadrimex Chemical, spécialisé­e dans la chimie industriel­le, a demandé l’annulation d’un marché public, dit « à procédure adaptée », portant sur la fourniture de filtres pour la station d’épuration Amphitria (1), située à La Seyne.

Manque à gagner

Le tribunal n’a pas prononcé l’annulation du contrat, mais a jugé que l’offre retenue par TPM était « irrégulièr­e ». Les juges condamnent la métropole à payer 215 500 euros, en guise d’indemnité – le montant calculé « du manque à gagner subi par la société Quadrimex Chemical ».

TPM a indiqué faire appel du jugement. « On se bat et on y croit, relate l’entourage d’Hubert Falco, président de la métropole. Le marché retenu était le moins cher. C’était une différence de 300 000 euros, ce n’est pas rien .» En 2017, TPM a lancé un marché pour renouveler le matériel filtrant de la station d’épuration Amphitria. Marché remporté par la société Compagnie des eaux et de l’ozone (CEO) – sur un montant de 2,5 millions d’euros. Cette offre n’était pas exempte de critiques, selon le tribunal, car elle « ne mentionnai­t pas les moyens matériels dédiés au chantier », pourtant exigés dans le cahier des charges.

De même, « le mémoire technique »de la CEO « n’a pas [été] versé aux débats », bien que le tribunal l’eût demandé.

« Beaucoup d’informatio­ns sont couvertes par le secret commercial, se justifie aujourd’hui la métropole, toutes les informatio­ns seront données dans la procédure en appel. Cela permettra une deuxième lecture juridique .»

Audience piquante

L’audience du 9 novembre 2020 s’était révélée piquante, la rapporteur­e publique pointant « des sous-parties lacunaires dans le dossier de la CEO »et

« s’étonnant que la métropole ait trouvé qu’elle était assez éclairée pour lui confier le marché ».

La CEO est une filiale de Veolia, ellemême exploitant­e de la station d’épuration, pour TPM. « Peut-être cela a-t-il rassuré TPM », s’est interrogé la rapporteur­e, posant l’hypothèse d’une « volonté de favoriser un candidat ». Le mot avait fait bondir la défense, au motif qu’il n’y a eu « aucune volonté de favoriser qui que ce soit. Peut-être une erreur d’appréciati­on, un excès de confiance, aucunement une volonté délibérée de favoritism­e ». Aucune enquête pénale n’a été engagée dans ce dossier, et le jugement administra­tif ne mentionne pas de grief de « favoritism­e ». Au final, c’est une cour d’appel qui tranchera le litige. 1.Y sont traitées les eaux usées de sept communes : Évenos, Ollioules, Le Revest, Saint-Mandrier, La Seyne, Six-Fours et Toulon.

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(Photo doc Dominique Leriche) Amphitria filtre et dépollue les eaux usées de sept communes de la métropole toulonnais­e. Ici, lors de journées portes ouvertes.

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