Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Comment faire la chasse aux perturbateurs endocriniens Prévention
Ils favorisent l’obésité, le diabète, certains cancers, des malformations chez les enfants… Mais avec quelques conseils très pratiques, on peut s’en protéger. Suivez le guide Qui sont les PE ?
Additifs, conservateurs, pesticides, polluants : ces produits chimiques sont partout, dans l’air que nous respirons dans nos maisons, dans l’alimentation, dans les produits d’hygiène et cosmétiques, dans les vêtements, les meubles, les produits ménagers… Ils représentent un risque pour notre santé parce qu’ils interagissent avec notre organisme en perturbant notre système hormonal. Comment se protéger au quotidien de ces perturbateurs endocriniens ? Voici quelques conseils pratiques listés dans un « guide à l’usage des médecins libéraux » rédigé par l’union régionale des professionnels de santé - médecins libéraux de la région PACA (1).
Sept conseils à suivre au quotidien
1- Pour assainir l’air intérieur et éviter la stagnation des polluants : aérer dix minutes matin et soir, aspirer avec des filtres HEPA (Haute efficacité pour les particules aériennes) et laver à la vapeur.
2- En matière d’alimentation : acheter des produits labellisés issus de l’agriculture biologique, laver et éplucher les fruits et légumes, préférer les plats fait maison aux plats industriels ultratransformés.
3- Revenir aux classiques en matière de conservation et de cuisson des aliments : verre, fonte, inox. Pas de poêles anti-adhésives, de vaisselle en plastique chauffée dans le micro-ondes, de bouteille d’eau laissées au soleil !
4- En matière d’hygiène et de cosmétiques, on se lave, se rase, s’hydrate avec des produits naturels avec peu de conservateurs (pains de savon, huile d’amande, de coco) pour éviter le passage de produits toxiques dans son organisme.
5- Laver les vêtements neufs avant de les porter et préférer les matières naturelles (lin, coton, laine).
6- Pour les produits ménagers, que du basique : savon de Marseille, vinaigre blanc, bicarbonate de soude, savon noir et lavage à la vapeur.
7- En matière d’ameublement et décoration, préférer des meubles en bois massif non traité, peindre et vernir avec des produits labellisés, déballer et aérer les produits neufs avant de les monter. Méfiance avec les bois agglomérés et les matières composites riches en retardateurs de flammes, solvants, colles et vernis…
Des labels pour s’y retrouver facilement
Les labels qui certifient que les produits sont issus de l’agriculture biologique « sont à ce jour le meilleur moyen pour le consommateur de protéger sa santé » indique le guide. Seulement, il n’est pas facile de s’y retrouver : la liste est longue. chacun répond à un cahier des charges qui lui est propre, certains labels ont une visée sanitaire, d’autres une visée environnementale.
Et puis il y a tous les « faux amis » et autres « mentions sans garantie » : « végétal », « bio », « aux plantes », « green », « sans résidus de pesticides », « sans silicone », etc. : en l’absence de label associé, ils ne sont que des arguments commerciaux et n’apportent aucune garantie en termes de santé.
Attention, par exemple, aux produits cosmétiques naturels : «un cosmétique labellisé est forcément à base de produits naturels, un cosmétique naturel n’est pas toujours labellisé » ni même… labellisable !
Pour aider le consommateur soucieux de sa santé, le guide répertorie les principaux labels, par catégorie (alimentaires, hygiène et cosmétiques, entretien, textiles) et délivre des conseils pratiques pour aider à faire, autant que possible, ses courses « sans PE ni contaminants chimiques ». En conseillant par exemple, «les produits avec la liste d’ingrédients la plus simple et la plus courte possible ». Sans se montrer culpabilisant : oui aux extras, aux produits coups de coeur ou moins chers, à un produit acheté sans vérifier, une fois de temps en temps : « Cela n’aura pas d’impact ponctuellement sur ma santé ». 1- Le guide « Comment protéger mes patients de la contamination chimique et des perturbateurs endocriniens » est accessible sur le site de l’URPSML PACA. Il comporte un dossier scientifique et un dossier pratique, ce dernier étant très accessible au grand public. http://www.urps-ml-paca.org/
Onglet publication, les guides de l’URPS.
Les réponses du Dr Wilfrid Guardigli, médecin généraliste responsable prévention à l’URPS ML PACA.
Pourquoi les PE sont-ils dangereux ?
Les perturbateurs endocriniens sont très présents dans notre environnement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, période à laquelle on a commencé à produire beaucoup de nouvelles substances synthétiques. Pour l’immense majorité d’entre eux, ils se comportent comme les hormones. Le drame c’est qu’ils agissent sur notre état de santé en leurrant notre organisme. Leur production exponentielle a généré une explosion de maladies humaines dont on a prouvé le lien direct avec l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Notamment le diabète, l’obésité, certains cancers, des malformations chez les enfants… Ces produits ont un grand intérêt et on ne peut pas nier l’apport de la chimie mais le revers de la médaille, c’est qu’on s’est empoisonné dans des proportions invraisemblables. Il est temps de s’en protéger.
Quelle est leur spécificité ?
Ce n’est pas forcément la dose qui fait le poison. Pour un même PE, une petite dose peut être beaucoup plus dangereuse qu’une forte dose. Les effets des PE peuvent aussi se cumuler, s’additionner ou se potentialiser, c’est ce qu’on appelle l’effet cocktail.
Qui est concerné par les risques liés à leur exposition ?
Tout le monde ! Mais les enfants de la naissance à la fin de la puberté, les adultes en âge de concevoir (les hommes comme les femmes) et les femmes enceintes et allaitantes sont les plus vulnérables.
Quelle est la durée de vie des PE dans le corps humain ?
Ils peuvent provoquer des effets tout au long de la vie et parfois ils sont transmis de génération en génération à la descendance.