Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Avec Tita, le bijou est une religion

À Saint-Tropez, Tita Mercurio a lancé sa marque TitaMàlà : des sautoirs, des bracelets, où s’entremêlen­t pierres, perles et màlàs tibétains.

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Sur le pas de la porte de son atelier on peut lire : « L’entrée est libre, la sortie aussi ». Tita Mercurio fait ainsi souffler d’emblée un vent de liberté sur ce qui l’anime, et qui transparaî­t dans ses créations. Le cadre cosy et raffiné de l’intérieur abrite mille et une pierres semi-précieuses, autant de rangs de perles, des màlàs tibétains. Sur les murs, un enchevêtre­ment de matières premières qu’elle ajuste au gré de ses inspiratio­ns. Sur des présentoir­s, dans les tiroirs, des colliers qu’elle a réalisés pour le lancement de sa boutique en ligne. Bienvenue chez TitaMàlà, à SaintTrope­z. Une marque créée par Tita Mercurio en 2009, au lendemain d’un séjour à Katmandou. « J’y suis tombée amoureuse des màlàs tibétains. J’en ai beaucoup acheté, ainsi que des pierres, du corail etc. J’ai ramené tout ça à la maison. J’ai arrêté mon job, et je me suis lancée. » Elle commence par trouver des points de vente avant d’ouvrir sa première boutique, dans cette même rue du Portail Neuf où aujourd’hui, son atelier et son show room se font face. « Ici, confie la créatrice, tout n’est pas à vendre. J’expose ce que je suis capable de faire… C’est aussi le point de rendez-vous avec mes clients, qui entrent et s’installent. Parfois, on va dans l’atelier de l’autre côté de la rue piétonne, pour jeter un oeil sur les matières premières, envisager des alliances… »

Tita n’est ni joaillière, ni bijoutière, « j’aime juste les pierres », concèdet-elle. « Petite, j’en ramassais des tonnes, des coquillage­s aussi… » Enfant solitaire, elle a toujours eu le sentiment d’être une artiste dans l’âme. Pour gagner sa vie pourtant, elle choisit la voie culinaire. Elle a 22 ans lorsqu’elle s’envole pour les États-Unis rejoindre son frère : « Il avait un restaurant là-bas. J’ai commencé comme serveuse, mais je ne trouvais pas cela très épanouissa­nt, alors je suis passée en cuisine… » où la jeune femme se révèle. Elle revient à Saint-Tropez en tant que chef privé pour un couple d’Américains d’ailleurs, quinze ans plus tard.

Chapelets et sautoirs Chanel

Un curieux jeu du hasard, ou du destin lui fait changer de voie, quelques années plus tard : elle fait la connaissan­ce d’un homme qui avait une petite boutique tibétaine à SaintTrope­z. « Il faisait des petits bracelets à la main, m’a appris la technique des noeuds – une perle un noeud – que j’utilise ». Il l’emmène à Katmandou.

Un voyage spirituel, un éveil à soi. Elle y découvre les màlàs, et commence alors à les découper pour les transforme­r en long sautoir, sa marque de fabrique. « Presque en chapelet », l’objet qui a déclenché en elle cette passion du bijou. «Lechapelet, puis les sautoirs Chanel des années trente ». Ses créations en sont l’alliance : des croix – « qui n’ont pas de caractère religieux », souligne-t-elle, elles sont plutôt rock –, des têtes de mort, qui incarnent la vie dans le bouddhisme « Mon seul côté religieux, c’est la vierge », dont elle utilise l’image en médaillon. Tita rêve de voyages pour trouver de nouvelles inspiratio­ns. L’Afrique et ses perles. « La perle c’est vraiment le point de départ. Je les choisis et ensuite je les monte ». Comme une réminiscen­ce d’enfance qui prend les traits d’une méditation. « Faire des colliers, c’est un besoin. » Une religion quasiment.

En sautoirs, bracelets, ces mélanges de pierres, de bois et d’autres accessoire­s fondent la signature de l’artiste dans des créations dont certaines sont revendiqué­es unisexe. À chacun de choisir en fonction de ses affinités.

Le sautoir comme marque de fabrique

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