Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

San Salvadour, villégiatu­re impériale

Le château qui est aujourd’hui un hôpital, fut la plus vaste demeure privée d’Hyères, puis un luxueux centre de cure lié à sa source d’eau minérale.

- N. BRUN nbrun@nicematin.fr

S’il n’a pas porté bonheur à ses commandita­ires successifs, l’imposant château de San Salvadour qui est aujourd’hui un hôpital géré par l’Assistance Publique et les Hôpitaux de Paris, fut la plus gigantesqu­e demeure privée d’Hyères au temps des « hivernants ».

Fin XIXe, avec l’avènement des chemins de fer, la jet-set européenne a jeté son dévolu sur le quartier de Costebelle et sur le mont des Oiseaux, à l’orée de la longue plage de l’Almanarre. Un coin paradisiaq­ue où les bastides et l’espace rural traditionn­el cèdent le pas à des résidences de villégiatu­re très cossues. Un riche héritier belge, Auguste Parent, amateur d’archéologi­e et proche de la famille impériale, décide d’y construire une somptueuse résidence secondaire. L’impératric­e Eugénie – à qui aurait été destiné ce château, selon une rumeur tenace – et Prosper Mérimée viennent visiter le site en 1879. Le rezde-chaussée, la terrasse, un grand bassin et le mur d’enceinte du parc sont édifiés quand le chantier est stoppé par la guerre et la chute de l’Empire. Un seul étage sera péniblemen­t terminé quand l’industriel belge, ruiné, devra revendre la bâtisse encore en chantier.

Folies et grandeur

En 1879, c’est l’ambitieux Edmond Magnier, rédacteur en chef du Figaro puis fondateur du journal l’Évènement ,quile rachète pour y abriter ses amours. Il devient maire d’Hyères en 1887, sera sénateur et président du Conseil général varois. Il va respecter les plans d’origine, mais lui aussi sera rattrapé par la ruine. « Le programme est ambitieux, d’une échelle encore jamais atteinte. La demeure initiale de San Salvadour est celle d’un château qui ne trouve d’équivalent sur le littoral qu’avec le château de Valrose à Nice, qui date de 186567 », note l’historienn­e de l’architectu­re Odile Jacquemin. « Le projet est ici explicitem­ent un exercice d’architecte, on avance l’hypothèse d’une signature d’Ernest Paugoy, un architecte marseillai­s élève de Questel, dont la présence à Hyères est attestée par la villa des Anémones construite en 1876, et par le projet d’extension de la terrasse des Palmiers qui lui est confié en 1879 ». Les éléments de décoration et les décors peints - les M entrelacés ou gravés et les multiples références au jeu de l’amour, avec des figuration­s de Vénus et Vulcain - célèbrent la belle Marguerite Raimbaud pour qui Edmond Magnier dépense sans compter. Un pavillon en U où est logé le personnel est adjoint à l’ensemble. L’entreprena­nte soeur Candice, qui acquiert quelques années plus tard la propriété, grâce aux bénéfices d’une loterie caritative, altère largement les plans initiaux en aménageant un centre de cure de grand luxe et en faisant édifier une chapelle circulaire. Aujourd’hui, un parc botanique où subsistent écuries, serre, colombier et escalier sculpté en rocaille descend en terrasses vers la mer. Il abrite des regards le long bâtiment et l’hôtel reliés par l’ancien salon en rotonde. Un cadre désormais dédié aux enfants et aux adultes polyhandic­apés.

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Un programme ruineux”

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