Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Ces Azuréens et Varois qui ont libéré les États-Unis

Au moment où ce pays investit son nouveau président, souvenons-nous que des hommes de notre région ont participé à son indépendan­ce.

- ANDRÉ PEYREGNE magazine@nicematin.fr

Ils sont partis de Toulon le 13 avril 1778 à bord de douze navires et cinq frégates. Les voiles étaient gonflées par le vent du large et par le souffle de leur mission : aller défendre au bout du monde ce bien qu’on appelle la Liberté. Jusqu’alors, ils n’avaient d’autres horizons que la terre où pousse l’olivier, les côtes que baigne la Méditerran­ée, les forêts qui fournissen­t le liège ou le gibier. À présent, ils allaient aider un pays lointain à gagner son indépendan­ce : les États-Unis d’Amérique.

Beaucoup de ces hommes ne reviendrai­ent pas. Mais si, aujourd’hui ce pays existe et peut introniser son nouveau président, c’est un peu à eux qu’il le doit.

En ce 13 avril 1778, la flotte était commandée par l’amiral Charles d’Estaing. À la barre de chaque navire se trouvait un aristocrat­e de chez nous. Le bailli tropézien Suffren était sur le Fantasque, le capitaine toulonnais Melchior de Barras sur le Tonnant, le toulonnais Pierre de Cheylan sur l’Hector, le comte d’Albert de Rioms, futur directeur du port de Toulon, sur le Sagittaire ,lemarquis et scientifiq­ue toulonnais Chabert de Cogolin sur le Vaillant.

À la rencontre de Washington

Deux mois et demi de croisière et les voilà au large de New York.

La guerre d’indépendan­ce des États-Unis contre les Anglais dure déjà depuis trois ans. Les Américains sont commandés par Georges Washington.

Charles d’Estaing entre en rapport avec lui. Il lui demande de l’aider à chasser la marine anglaise de l’entrée de Newport. Ce ne sera pas une bataille frontale, plutôt un guet-apens. Les Français sont forts en ce domaine ! Le Fantasque et le Sagittaire se glissent dans l’estuaire, bombardent par surprise. Plusieurs bateaux anglais sont incendiés. Mais, très vite, des renforts arrivent de New York. Et les Français doivent se retirer. Ils se rabattent sur les Antilles où se trouve une base arrière de la marine française.

L’été et l’automne passent. Le 15 décembre, les

Français attaquent l’île de Sainte-Lucie, aux Antilles. Les hommes mettent pied à terre, fusils en main. La bataille fait rage au milieu de la végétation tropicale. Les hommes tombent. Quatre cents Français sont tués mille blessés. Les Anglais sont victorieux.

Nous nous retirons à nouveau. Arrive alors un renfort de notre région : l’Amiral de Grasse, à bord du Robuste.

Le 6 juillet 1779, il aide à prendre l’île anglaise de Grenade. 1 200 hommes portent la guerre sur le sable des Caraïbes. Le sang coule. 176 morts et 760 blessés du côté des Français. Mais cette fois-ci, ils sont victorieux. Washington rappelle alors d’Estaing. Il a besoin de lui pour attaquer la ville de Savannah, au Sud Est des États-Unis. Début octobre, le Pluton commandé par Rioms parvient à capturer le navire anglais l’Experiment. Mais les choses tournent mal. Les Français perdent 600 hommes. D’Estaing est blessé. De Grasse le remplacera au commandeme­nt. Trois navires rentrent à Toulon.

Une bataille décisive

C’est alors que la guerre va prendre un tour nouveau. Le 5 septembre 1781, de Grasse attaque la baie de Chesapeake, toujours au Sud-Est des U.S.A.. Les tableaux de l’époque montrent des rangées de navires aux voiles somptueuse­s crachant le feu au milieu d’une mer démontée. Les Français sont au milieu de la tourmente, ils maîtrisent la situation, mais le marquis toulonnais Chabert est blessé.

Le 17 septembre a lieu la rencontre historique entre Washington et de Grasse à bord du navire amiral de la flotte française, le Ville de Paris. Ils se mettent d’accord sur la façon d’attaquer Yorktown, un peu plus au Nord : le Français sera côté mer, l’Américain côté terre, aidé par les troupes de la Fayette. La bataille commence le 28 septembre. 7 500 Britanniqu­es affrontent 9 000 Américains et 100 000 Français. Vingt et un jours de combat. Les Anglais, sans vivre à cause du blocus mené par les Français, finissent par se rendre. Cette bataille sera considérée comme décisive. Washington adressera plus tard ce message à De Grasse : « Vous avez été l’arbitre de la guerre ! » Les soldats de chez nous y auront été pour beaucoup.

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De Grasse, vous avez été arbitre de la guerre ”

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