Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

A la dérive, Sébastien Destremau abandonne

- PHILIPPE BERSIA

au large, on va de plus en plus vers la mixité et ce n’est que justice. Avoir des femmes, ça fait du bien ! Elles sont fraîches, intelligen­tes. La mer leur correspond, parce que des courses comme le Vendée demandent d’être calme, de ne pas trop “cravacher” sa monture. Et ça, elles savent très bien le faire. En fait, elles forcent le respect…

Ce Vendée, c’est aussi la surprise de voir que les foilers n’ont pas été aussi dominateur­s, comme le prouve encore Damien Seguin sur son bateau dit d’ancienne génération… R.J. : Dans l’évolution de la course au large, on a toujours avancé par paliers. Depuis  ans, on sait que les foils permettent d’aller plus vite. Mais le coup de crayon, cette fois, a été poussé plus loin. On a fait prendre sa retraite à

Archimède, en décrétant que les bateaux devaient voler. Sauf qu’en mer, c’est encore Archimède qui permet de passer les vagues, de naviguer. On l’a vu dans l’océan indien où, cette année, les conditions étaient particuliè­rement raides. Alors, bien sûr, il y aura toujours cette part de malchance liée aux fortunes de mer, mais bon, peut-être a-t-on aussi atteint certaines limites. Notamment budgétaire­s. Et puis, le Vendée reste malgré tout une course à part. Sur une transat classique, la vitesse pure peut davantage s’exprimer. Mais là...

Le Vendée , vous y pensez ?

R.J. (déjà trois participat­ions à son actif) : Bien sûr ! Je suis loin d’être frustré, mais j’aurais aimé être sur un bateau, cette année, et viser la victoire.

Réduit à diriger un bateau fragilisé de tous côtés depuis plusieurs jours, le skipper toulonnais ( ans) s’est rendu hier matin à la raison : impossible d’aller plus loin dans ces conditions. C’est donc la mort dans l’âme qu’il a annoncé officielle­ment son abandon à la direction de course après nous en avoir alertés.

Après  jours de course marqués par des problèmes techniques à répétition, le voilà donc à la recherche d’un port en Nouvelle-Zélande pour sauver sa peau et celle de son bateau. Il était e et dernier en mer, à   milles de la tête de course, à la sortie de l’océan Indien, au moment de son abandon.

Toujours dans l’attente d’un visa d’entrée pour le pays du long nuage blanc, il a viré en direction de la ville de Christchur­ch,

connue pour ses vignobles où il pourra noyer son chagrin avant de procéder aux réparation­s de Merci.

En , il expliquait en rigolant et en quittant les Sablesd’Olonne qu’au moins, il ne casserait pas ce qui n’existait pas sur son bateau FaceOcéan, un plan finot de  dépourvu de nombreuses technologi­es. Cette fois, il a presque tout cassé. De sa « casquette en carton », condamnée d’avance, à son circuit hydrauliqu­e, de son système de barre à son pilote automatiqu­e qui ne tient désormais plus qu’à un fil, tout a fini par céder face aux éléments.

« Avec le peu de ressources qu’il me reste à bord, je me sens bien trop vulnérable. Attaquer le Pacifique en mode aussi dégradé, avec un seul pilote qui tiendra deux jours ou deux mois, mais surtout sans aucune autre alternativ­e que de mener mon bateau à bon port me semble être un immense risque… », a précisé le Toulonnais, avant de rendre les armes. Impossible en effet d’envisager le passage du cap Horn et la longue remontée de l’Atlantique sur un bateau dans un tel état. « Aujourd’hui, je suis obligé de naviguer sur Merci comme si je le ramenais au port le plus proche et plus comme un bateau normal… »

La belle aventure de Sébastien Destremau s’achève donc à mi-parcours. Et cette fois, malgré toute sa volonté, même la Vierge noire qui l’accompagne depuis plus de deux mois n’a rien pu faire pour lui !

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Yann Eliès (à d.) a remporté la Transat JacquesVab­re en duo avec Charlie Dalin (à g.).
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(Photo Sébastien Destremau) Le Toulonnais a dit adieu à la course hier, au large de la Nouvelle-Zélande.

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