Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
A la dérive, Sébastien Destremau abandonne
au large, on va de plus en plus vers la mixité et ce n’est que justice. Avoir des femmes, ça fait du bien ! Elles sont fraîches, intelligentes. La mer leur correspond, parce que des courses comme le Vendée demandent d’être calme, de ne pas trop “cravacher” sa monture. Et ça, elles savent très bien le faire. En fait, elles forcent le respect…
Ce Vendée, c’est aussi la surprise de voir que les foilers n’ont pas été aussi dominateurs, comme le prouve encore Damien Seguin sur son bateau dit d’ancienne génération… R.J. : Dans l’évolution de la course au large, on a toujours avancé par paliers. Depuis ans, on sait que les foils permettent d’aller plus vite. Mais le coup de crayon, cette fois, a été poussé plus loin. On a fait prendre sa retraite à
Archimède, en décrétant que les bateaux devaient voler. Sauf qu’en mer, c’est encore Archimède qui permet de passer les vagues, de naviguer. On l’a vu dans l’océan indien où, cette année, les conditions étaient particulièrement raides. Alors, bien sûr, il y aura toujours cette part de malchance liée aux fortunes de mer, mais bon, peut-être a-t-on aussi atteint certaines limites. Notamment budgétaires. Et puis, le Vendée reste malgré tout une course à part. Sur une transat classique, la vitesse pure peut davantage s’exprimer. Mais là...
Le Vendée , vous y pensez ?
R.J. (déjà trois participations à son actif) : Bien sûr ! Je suis loin d’être frustré, mais j’aurais aimé être sur un bateau, cette année, et viser la victoire.
Réduit à diriger un bateau fragilisé de tous côtés depuis plusieurs jours, le skipper toulonnais ( ans) s’est rendu hier matin à la raison : impossible d’aller plus loin dans ces conditions. C’est donc la mort dans l’âme qu’il a annoncé officiellement son abandon à la direction de course après nous en avoir alertés.
Après jours de course marqués par des problèmes techniques à répétition, le voilà donc à la recherche d’un port en Nouvelle-Zélande pour sauver sa peau et celle de son bateau. Il était e et dernier en mer, à milles de la tête de course, à la sortie de l’océan Indien, au moment de son abandon.
Toujours dans l’attente d’un visa d’entrée pour le pays du long nuage blanc, il a viré en direction de la ville de Christchurch,
connue pour ses vignobles où il pourra noyer son chagrin avant de procéder aux réparations de Merci.
En , il expliquait en rigolant et en quittant les Sablesd’Olonne qu’au moins, il ne casserait pas ce qui n’existait pas sur son bateau FaceOcéan, un plan finot de dépourvu de nombreuses technologies. Cette fois, il a presque tout cassé. De sa « casquette en carton », condamnée d’avance, à son circuit hydraulique, de son système de barre à son pilote automatique qui ne tient désormais plus qu’à un fil, tout a fini par céder face aux éléments.
« Avec le peu de ressources qu’il me reste à bord, je me sens bien trop vulnérable. Attaquer le Pacifique en mode aussi dégradé, avec un seul pilote qui tiendra deux jours ou deux mois, mais surtout sans aucune autre alternative que de mener mon bateau à bon port me semble être un immense risque… », a précisé le Toulonnais, avant de rendre les armes. Impossible en effet d’envisager le passage du cap Horn et la longue remontée de l’Atlantique sur un bateau dans un tel état. « Aujourd’hui, je suis obligé de naviguer sur Merci comme si je le ramenais au port le plus proche et plus comme un bateau normal… »
La belle aventure de Sébastien Destremau s’achève donc à mi-parcours. Et cette fois, malgré toute sa volonté, même la Vierge noire qui l’accompagne depuis plus de deux mois n’a rien pu faire pour lui !