Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Un drôle de cabinet des curiosités

Dans ce salon de tatouage, Anthony Gilio et Chelly Sommer collection­nent plus d’une centaine d’objets atypiques. Crânes humains, foetus d’animaux, insectes… Âmes sensibles s’abstenir !

- ANAÏS GRAND agrand@nicematin.fr

Vu de l’extérieur, rien ne dépasse. Pas la moindre prise insolite au regard. Mais dès que l’on franchit la porte du salon raphaëlois Sept Tattoo, une odeur âcre s’accroche aux narines. Attention, âmes sensibles s’abstenir !

Des crânes humains à droite.

Des insectes noyés dans du formol à gauche. En haut ? Une tête de tigre. En bas, un « puzzle » de veau. Et pour vous accueillir, un homme tatoué de la tête aux pieds. « J’intrigue les gens, tout comme mon salon, reconnaît la silhouette imposante. Les seuls endroits où ma peau nue est encore visible sont les genoux, le derrière des cuisses... et une fesse. »

Anthony Gilio affiche son plus beau sourire doré. « Oui, mes dents supérieure­s sont recouverte­s d’or. » Véritable. Comme la cinquantai­ne d’animaux empaillés exposés dans son cabinet de curiosités. «Ilyasept ans, nous avons ouvert avec une simple vitrine. Il y avait quoi… Cinq crânes à l’intérieur ? » Derrière lui, Chelly Sommer, sa compagne, confirme : « Oui, pas plus ! Ensuite, à force de brocantes, musées, rencontres et dons, nous en sommes arrivés là. »

Faire un décompte ? Impossible. Le couple, lui-même, n’est pas encore parvenu à donner un chiffre précis. « Nous avons aujourd’hui plus de 170 objets. À chaque fois que nous faisons le ménage, nous avons l’impression d’en découvrir encore », s’amuse la jeune femme qui collection­ne également des pierres en tout genre depuis sa plus tendre enfance.

Entre deux grosses carcasses d’animaux, une petite dent humaine. Cachés derrière des scorpions, des foetus d’animaux. Près du comptoir orné de vieilles poupées, un appareil génital de chat. « Nous n’en faisons pas commerce. Rien n’est à vendre. Nous avons une éthique et des valeurs. Et il nous est impossible de nous séparer de nos merveilles ; on y tient beaucoup trop » ,insiste Anthony Gilio.

« Inadmissib­le »

Dès qu’ils le peuvent, les amoureux partent à la recherche de nouvelles trouvaille­s. Mais pas n’importe lesquelles. « Nous nous assurons d’avoir le coup de coeur pour chaque chose. Nous aimons surtout qu’elle soit rare, comme notre magnifique crâne d’hippopotam­e qui daterait des années cinquante. En ce moment, j’enquête activement pour dénicher un crâne de hyène. Je suis sûre que ça se trouve ! Mais je préfère préciser : je ne demande pas à quelqu’un de tuer cet animal pour moi. »

Le regard azur de Chelly s’assombrit. Il y a quelque temps, elle a refusé un énorme ours empaillé venant tout droit du Canada. « La nana disait qu’elle pouvait en avoir à la demande. Elle s’en vantait. Je refuse totalement d’entretenir ces pratiques ! Je trouve ça inadmissib­le. »

Eux, ce qu’ils préfèrent, c’est l’histoire qui se cache derrière chaque pièce.

Ni une, ni deux, Anthony Gilio quitte son fauteuil de velours rouge pour attraper un petit bocal dissimulé parmi les serpents.

« Mes propres tétons... »

« Regardez, ce sont mes propres tétons, rougit-il sans expliquer son geste. Tous nos objets ont une anecdote qui mérite d’être racontée. Certes, nous n’avons aucun suivi écrit. Mais nous nous appuyons sur les dires des anciens propriétai­res. Parmi la quinzaine de crânes humains, trois d’entre eux seraient des Nazis. » Ils auraient été retrouvés emmurés avec leurs uniformes... Fascinée, Chelly prend le relais, telle un guide dans un musée. La tatoueuse montre du doigt des mâchoires inférieure­s manquantes, de légères déformatio­ns, une recalcific­ation des dents, les asymétries des orbites… « Celui-ci est entier, presque parfait. Nos clients le sélectionn­ent souvent. »

Car derrière ces curiosités se cache une spécialité.

Au sous-sol, la blonde de 25 ans prépare ses aiguilles. Pas pour vous empailler ; pour vous tatouer ! « Nous faisons de tout, même s’il y a beaucoup de motifs réalistes, uniquement en noir et blanc. Nous dessinons aussi des crânes de toutes espèces. L’avantage, c’est qu’on a les modèles sur place. »

Il suffit de le choisir, puis de le sortir de sa vitrine, le photograph­ier, l’imprimer et le reproduire. Pas de panique : après être passés entre les mains de Chelly et Anthony, vous repartirez avec tous vos organes.

◗ Entrée libre. Sept Tatoo, 21 rue du Safranié, St-Raphaël.

‘‘ Trois d’entre eux seraient des Nazis...”

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Anthony Gilio et Chelly Sommer possèdent plus de  objets curieux dans leur salon.
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Comme cette tête de tigre, les animaux empaillés datent d’il y a plusieurs siècles.
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Ces crânes humains ont été récupérés chez des particulie­rs qui souhaitaie­nt s’en débarrasse­r.
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Parmi leur collection, les foetus d’animaux semblent davantage rebuter les curieux.
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« Il est difficile de dénicher un paresseux à trois griffes », selon Chelly Sommer.
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Rassurez-vous, ce petit pangolin n’a pas la Covid. Aujourd’hui, l’espèce est protégée.
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(Photos Clément Tiberghien)

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