Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

L’AVENTURE TOUS RISQUES

Hausse des créations d’entreprise malgré la crise sanitaire Ils racontent leurs galères et leurs espoirs

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Pousser la porte des Balancelle­s, c’est pénétrer un univers frais et coloré à l’image de deux Niçois passionnés : Julie et Tony. Un «cocon » imaginé il y a deux ans autour d’une idée simple : proposer des « bons petits plats » et en faire un vrai lieu de vie.

Elle vient du marketing, il est déjà dans la restaurati­on. La suite semble couler de source. « On avait signé le compromis en décembre 2019 et on comptait ouvrir en avril-mai 2020 » , se rappelle la jeune femme. Entre-temps, la Covid s’est installée dans la vie des Français et des Niçois. Le confinemen­t de mars bouleverse tous les projets et un drôle d’été se passe, entre euphorie et peur du retour de flamme. Les Balancelle­s restent portes closes.

« On n’est pas à l’abri d’un coup de bol ! »

« On a finalement ouvert le 1er décembre 2020 », continue Julie. Les deux Niçois décident de proposer leur carte à la vente à emporter.

Les habitants du quartier, les copains, la famille, viennent récupérer de grands sacs en papier remplis de « petits plats faits avec amour » : croque-monsieurs à la truffe, pâtes du jour, burger, bowls.

Malgré le contexte, le restaurant fait le plein. Il faut patienter jusque sur le trottoir certains jours pour récupérer sa commande.

« On est content de l’accueil des clients, on sait que quand on pourra ouvrir normalemen­t ça va aller. On a déjà une clientèle qui nous dit : “On a hâte de venir s’installer” », se réjouissen­t les deux Niçois.

En coulisses, pourtant, la réalité financière ne leur laisse aucun répit et les charges s’accumulent. Le loyer, le crédit, les assurances, les fournisseu­rs… Le tout sans aucune aide, ou presque. « On a demandé l’abandon du loyer par notre propriétai­re. Il a accepté pour un mois, en décembre. Puis la banque a décalé de trois mois les échéances du crédit sans qu’on n’ait à le demander. Elles ne tomberont qu’en mai », énumère Julie. La ville de Nice leur a également donné un coup de pouce de 500 euros pour le loyer de février. Les deux Niçois ont l’intention de réitérer la demande pour les mois de mars et d’avril.

Et puis… rien. « On ne se sent pas soutenus par le gouverneme­nt. On a une vraie sensation d’oubli. »

Julie tente le tout pour le tout et adresse un courrier à Emmanuel Macron pour expliquer sa situation. Quelques mois plus tard, surprise : une lettre du ministère chargé des petites et moyennes entreprise­s tombe dans sa boîte.

Le gouverneme­nt assure « ajuster » son dispositif du fonds de solidarité en l’ouvrant aux entreprise­s ayant démarré leur activité avant le 31 octobre 2020, contre le 30 septembre précédemme­nt, et faisant l’objet d’une interdicti­on de recevoir du public.

Bien qu’elle coche toutes les cases, Julie n’a toujours rien reçu.

Elle se raccroche à l’espoir d’une réouvertur­e prochaine. « On est fier de notre projet, de notre entreprise. On arrive à se focaliser sur ce qu’on fait, à se lever le matin en étant heureux. »

Et les aides ? La jeune femme préfère en rire. «Onn’estpasà l’abri d’un coup de bol ! »

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 ?? (Photo Eric Ottino) ?? Les deux Niçois ont décidé de se lancer dans la vente à emporter, pour le plus grand plaisir des habitants du quartier.
(Photo Eric Ottino) Les deux Niçois ont décidé de se lancer dans la vente à emporter, pour le plus grand plaisir des habitants du quartier.

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