Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Un an après, on a retrouvé les hommes bouées

Il y a un an, les hommes bouées créaient le buzz dans le monde entier en se baignant à Hyères avec une bouée sur la tête en plein confinemen­t. On revient sur leur drôle d’aventure.

- PEGGY POLETTO

Le vendredi 8 mai 2020 sur la plage de l’Almanarre à Hyères, deux hommes bouées surgissaie­nt des flots alors que l’accès aux plages et à la mer était strictemen­t interdit en raison de la pandémie liée à la Covid-19. Retour sur une blague qui a permis de collecter des fonds pour des personnes handicapée­s. Deux gars en slip qui surgissent de la mer avec des bouées de balisage sur la tête en plein confinemen­t, coursés par des policiers municipaux et verbalisés : c’est incroyable mais vrai.

Ce mélange des Gendarmes de Saint-Tropez chez les naturistes et des Daft Punk version marine a insufflé en mai 2020 une sacrée dose de bonne humeur.

Le 8 mai 2020, Pierre, Erik et Charles, trois hommes, éternels amoureux de la grande bleue, ont passé outre les interdits. Il faut dire que la vie des trois gaillards est intimement liée à la mer. « Pierrot » Kaci embarque dès qu’il le peut sa planche de surf aux quatre coins du globe pour avaler des vagues, les Hyérois Erik Thiémé et Charles Deleau ont été respective­ment champion du monde en funboard et en kitesurf.

Une vidéo et des millions de vues

Ce 8 mai 2020, le contexte sanitaire lié à l’épidémie de Covid-19 réduit strictemen­t les déplacemen­ts et les sorties. À ce momentlà, toute balade sur le littoral et la navigation sont impossible­s. Eux tournent alors en rond comme des lions en cage jusqu’au jour où ils vont craquer.

Trois jours avant la levée du confinemen­t, ils imaginent un scénario improbable pour se baigner et éviter un contrôle de police : se déguiser en bouées de balisage. La vidéo de leur « exploit » qui aurait dû se limiter à leurs amis va rapidement devenir virale et circuler dans le monde entier.

Les images de ce délire entre copains postées sur YouTube et Facebook se propagent comme une traînée de poudre. Elles sont partagées des centaines de fois, puis des milliers et des millions même. Elles tournent régulièrem­ent dans les bêtisiers proposés par de nombreuses chaînes de télévision.

Un PV à  euros qui donne des idées

Un an plus tard, on retrouve Pierre et Erik sur le sable de l’Almanarre. Toujours avec leurs bouées jaunes. Ils l’admettent, la blague entre potes « a pris une dimension incroyable ! Jamais nous n’aurions pensé créer un tel buzz ». À l’origine de cette drôle d’aventure, comme l’explique Erik, il y a une « assignatio­n » à résidence pendant deux mois.

Le patron du Funboard center regardait la mer de loin, avec impossibil­ité d’y aller. « C’était très dur alors on a décidé de se transforme­r en maître nageur avec des bouées sur la tête. On s’est mis à l’eau. Sans arrière-pensée, sans provoc’. Juste pour le plaisir. On s’est dit que si la police arrivait, ils ne nous verraient pas puisque l’on est dans l’eau sous les bouées ». Mais, pur hasard, un véhicule de la police municipale en patrouille, circule dans les environs. Les policiers attirés par l’agitation dans l’eau intervienn­ent. Les deux baigneurs déconfinés sont repérés, un coup de sifflet résonne en bord de mer, un homme bouée prend la fuite et un autre se rend. « J’ai joué, j’ai perdu… 135 euros ! », confie Pierre qui sera verbalisé pour avoir contrevenu aux règles du confinemen­t.

Cette scène mémorable et imprévue est alors immortalis­ée en vidéo par Charles, le troisième larron. Sans aucun trucage.

De la blague à la bonne action

L’affaire aurait pu en rester là mais tout s’emballe. La vidéo circule, se partage. Les médias partagent l’informatio­n et la blague potache dépasse les frontières. L’exploit des hommes bouées déferle en

Europe, en Asie, aux États-Unis, au Canada. « C’était un truc de dingue de voir le compteur des vues. Je recevais des messages par dizaines, des notificati­ons en masse », expliquait alors Pierre. Le procès-verbal dressé par la police déclenche un formidable mouvement de solidarité. «Les gens voulaient créer une cagnotte pour payer l’amende. Je répondais que je voulais assumer moi-même ma bêtise ». Mais peu à peu, dans l’esprit de Pierre, une idée s’impose : « On a eu l’idée de créer une marque qui s’appelle Confineman avec un site qui propose des produits dérivés pour récolter des fonds pour l’associatio­n Un Fauteuil à la mer à l’hôpital RenéeSabra­n, sur la presqu’île de Giens ».

Les hommes bouées ont ainsi pu remettre un chèque de plus de 9 000 euros en juin dernier à l’associatio­n qui propose de nombreuses activités à des personnes polyhandic­apées. En vue de la réouvertur­e du site d’Un Fauteuil à la mer le 5 juin prochain, Confineman a remis en ligne une cagnotte pour soutenir à nouveau les bénévoles qui se dévouent durant la saison estivale pour offrir des loisirs nautiques à des visiteurs lourdement handicapés.

« Soyons positifs ! »

Les deux hommes bouées tiennent surtout à remercier les généreux donateurs qui ont transformé une blague en bonne action. « Les temps sont durs, tout le monde est déprimé mais il faut rester positif. On pense que tout va bien se passer, que ça va s’arranger. Il faut être PO-SI-TIF », termine le duo.

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(Photos Sophie Donsey) D’une simple blague, les deux larrons ont créé la marque « Confineman » pour récolter des fonds en faveur de l’hôpital René Sabran de Hyères.
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Pierre et Erik fêtent les un an de l’amende la plus originale du confinemen­t. L’été dernier, ils ont récolté   euros pour des polyhandic­apés.
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(Photo DR)

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