Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Tapie retrouve les juges aujourd’hui

L’homme d’affaires de 78 ans est soupçonné d’escroqueri­e lors de l’arbitrage controvers­é de 2008, censé solder son litige avec le Crédit lyonnais.

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À78 ans, Bernard Tapie revient devant des juges : son procès en appel, pour des soupçons d’escroqueri­e dans l’affaire de l’arbitrage de 2008 qui devait solder son litige avec le Crédit lyonnais, redémarre aujourd’hui à Paris, après une parenthèse de sept mois.

Quelques jours après son ouverture en octobre, son procès avait été renvoyé au printemps, une expertise ayant conclu que l’homme d’affaires et ancien ministre de la Ville (1992-1993) n’était pas en état de comparaîtr­e.

Luttant contre le cancer et victime avec son épouse début avril d’un violent cambriolag­e à son domicile, Bernard Tapie sera présent aujourd’hui devant la cour. Les audiences reprennent près de deux ans après la retentissa­nte relaxe prononcée dans ce dossier par le tribunal correction­nel de Paris, au bénéfice de Bernard Tapie et de ses cinq coprévenus, dont le patron d’Orange Stéphane Richard.

Fin des débats le  juin

L’affaire, dans laquelle l’ex-président de l’Olympique de Marseille a toujours contesté avoir « pillé l’État », trouve ses racines dans les années 1990 avec la revente de l’équipement­ier sportif Adidas. S’estimant floué dans cette opération par le Crédit Lyonnais, Bernard Tapie avait engagé une bataille judiciaire avec sa banque historique.

Quinze ans plus tard, un arbitrage privé avait conclu à une « faute » de l’ex-banque publique et octroyé à l’entreprene­ur 403 millions d’euros, dont 45 au titre de son préjudice moral. La sentence avait immédiatem­ent fait polémique et, sur le plan civil, a finalement été annulée pour « fraude » en 2015, Bernard Tapie étant définitive­ment condamné à rembourser les sommes perçues.

Le procès qui reprend est celui du volet pénal, dans lequel il est soupçonné d’avoir «truqué» l’arbitrage. D’abord en manoeuvran­t pour que ce mode de règlement privé soit choisi via ses soutiens à l’Élysée, pendant le quinquenna­t de Nicolas Sarkozy. Puis en s’assurant que le résultat lui serait favorable avec l’aide de plusieurs affidés (ce que tous réfutent).

En juillet 2019, le tribunal avait estimé qu’« aucun élément » du dossier ne permettait d’affirmer l’existence de « manoeuvres frauduleus­es » commises par lui. La juridictio­n avait écarté les poursuites pour détourneme­nt de fonds publics et jugé que la preuve d’une escroqueri­e n’était pas rapportée. Le parquet, qui avait requis cinq ans ferme contre Bernard Tapie et des peines d’emprisonne­ment contre quatre autres prévenus, avait fait appel.

Les débats doivent s’achever au plus tard le 14 juin et la décision sera mise en délibéré. Elle ne mettra cependant pas fin à un contentieu­x tentaculai­re, qui dure depuis un quart de siècle.

Le montant de la dette de Bernard Tapie, après l’annulation de l’arbitrage par la justice civile, est toujours discuté. La cour d’appel de Paris a estimé l’an dernier qu’il s’élevait à 438 millions d’euros, mais l’homme d’affaires s’est pourvu en cassation.

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(Photo AFP) Bernard Tapie, en octobre , au Palais de justice de Paris.

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