Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Tornade : le château des Garcinières panse ses plaies P
Après le vent violent qui a cassé une dizaine d’arbres du domaine, la famille Valentin constate que les dégâts ne sont pas pris en charge par l’état de catastrophe naturelle.
Quatre jours après la tornade qui a balayé une partie du Golfe (notre édition du 12 mai), l’heure était aux travaux d’enlèvement des arbres déracinés au château des Garcinières, route de la Foux. Samedi, l’entreprise Rimbaud terminait, avec d’importants moyens, le chantier d’enlèvement et de sécurisation du domaine de la famille Valentin.
Aux côtés de la maman, 80 ans, qui a vécu en direct l’événement depuis la terrasse, les deux soeurs Karine et Stéphanie se remettent peu à peu mais demeurent bouleversées par ces dix minutes de vent qui ont arraché des arbres centenaires.
« La tempête est arrivée de La Mole et a cassé six platanes, un pin de près de 200 ans, cinq cèdres et un vieux chêne », constatent-elles. L’allée est finalement libérée samedi en fin de matinée, mais les stigmates balafrent le parc et font redouter une fragilisation de certains arbres a priori intacts ou pour ceux qui ont déjà une branche touchée.
« Nous allons voir ça cet hiver », note la responsable du site, Stéphanie, qui rappelle l’importance de l’arbre dans l’histoire familiale à travers les générations : « Notre père a travaillé toute sa vie dans les forêts ».
« Ça va arriver de plus en plus »
La tornade aura eu raison de l’ouverture au public pendant le pont de l’Ascension. Le château accueille ainsi de l’oenotourisme qui n’a pas pu avoir lieu cette semaine, l’accès à la cave étant impossible. Mais grâce à la solidarité entre vignerons, la famille Valentin a pu parer au plus pressé : dégager l’allée et un accès pour les véhicules.
Les deux jours nécessaires à l’opération ont été estimés par l’expert de l’assurance à environ 40 000 euros. De quoi engloutir les aides accordées par l’Etat durant la crise sanitaire.
Car c’est un nouveau coup dur pour ces vignerons depuis 1898 : l’état de catastrophe naturelle ne couvre pas ce type de phénomène et les assurances se limitent au bâti. « Il faut que ça change car avec le changement climatique, ça va arriver de plus en plus », lance Karine, journaliste. La famille a ainsi reçu cette précision officielle émanant de la direction générale de la Sécurité civile : « Les dégâts provoqués par les tempêtes (vents violents), la grêle et la neige sur des biens assurables (habitations et véhicules) n’entrent pas dans le champ de la garantie de catastrophe naturelle fixée par les articles L.125-1 et suivant du code des assurances ». Il existe par ailleurs une « garantie tempête » dans les contrats multirisques habitation. Sauf que tout n’est pas couvert par ce dispositif. Notamment « les bâtiments et hangars de construction légère, les appentis de jardin et les vérandas, les stores, antennes, panneaux solaires, fils aériens et leurs supports, les volets, persiennes, gouttières, chéneaux et parties vitrées, les vitres (la garantie bris de glace intervient quand elle a été souscrite), les plantations, arbres, clôtures »...
Les règles sont par ailleurs différentes en métropole et outre-mer pour ce type de phénomène. C’est justement cet écart que les soeurs Valentin aimeraient voir disparaître. Pour ne pas subir des dommages financiers, en plus de la disparition de leurs arbres magnifiques.