Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

DÉCONFINEM­ENT : MODE D’EMPLOI

Les bons conseils pour profiter en terrasse Musées cinémas : tout ce qui rouvre La veillée d’armes dans les magasins

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

J «e suis heureux de vous retrouver. J’en avais marre. Ça fait plaisir de voir que l’activité reprend. » Gérard, retraité, habite un appartemen­t sur le port de Toulon, face à la mer, juste au-dessus du restaurant L’air du temps, dont il est un habitué. Tranquille, il faisait sa balade au soleil lorsqu’il a aperçu Alain Caeron, le gérant, en train de scier ce qu’il reste des vieilles jardinière­s, rongées par les embruns. « Je vais faire un peu de bruit » dit-il à Gérard. « C’est pas grave, cela fait de l’animation », lui répond son voisin, heureux de voir qu’il n’est plus seul avec les gabians. Alain Caeron, a entrepris le grand nettoyage de printemps ou plutôt du déconfinem­ent. Son restaurant, fermé depuis la fin du mois d’octobre, rouvre demain. Il disposera ses tables en respectant la distanciat­ion, mais pour 40 personnes au lieu des 80 avant le Covid-19. Pour gagner quelques dizaines de centimètre­s, il a même choisi des jardinière­s moins larges.

Rembourser le prêt garanti par l’État

Il s’est débarrassé de tout ce qui était périmé, comme les fûts de bière, que son fournisseu­r est venu reprendre, en lui livrant les nouveaux. Aujourd’hui, il fait rentrer tout ce qui est frais. « Ici, tout est fait maison » précise-t-il. Avec ses six salariés, il sera fin prêt pour demain. Non sans inquiétude : « On attend de démarrer pour voir comment cela se passe. Pour l’instant on ne sera ouvert que le midi, puis du 30 juin au 30 septembre, ce sera midi et soir. »

Néanmoins il garde le moral, surtout parce qu’il a bientôt fini de rembourser son crédit pour le restaurant. Il en sera libéré à peu près au moment où il devra commencer à payer le PGE, prêt garanti par l’État. « On n’aura pas à payer les deux en même temps. C’est vrai que l’on ne devait plus avoir de crédit, mais on s’en sort bien. Pour d’autres cela va être difficile. » Cela fait dix ans qu’il a ouvert son restaurant, mais pour ceux installés depuis peu, c’est une tout autre perspectiv­e.

« C’est le rush ! »

Le vent souffle sur le port. Le drapeau de la mairie d’honneur de Toulon semble vouloir se détacher de son mat, accroché au balcon que soutiennen­t deux cariatides, impassible­s. C’est le vent de la liberté. D’ailleurs, parmi ceux qui prennent le soleil assis au bord du quai, beaucoup ont abandonné le masque, même s’il reste de rigueur pour l’instant.

Un peu plus loin Chez Gaetano, connu pour ses pizzas cuites au feu de bois, « c’est le rush » dit Céline Gaetano, heureuse de reprendre l’activité. Le personnel est au complet pour demain. Il y a ceux qui sont passés à autre chose et ne reviendron­t pas, quelques fidèles salariés déjà au travail, qui en apprennent à ceux qui ont débuté hier. Certains ont attaqué le nettoyage des tables. La réouvertur­e serait moins inquiétant­e s’il n’y avait pas ce couvre-feu, à 21 heures. Du coup le service commencera à 18 h 30. « On a mis en place les QR code pour télécharge­r les menus. Pour ceux qui n’ont pas de smartphone ou plus de batterie, nous aurons des menus jetables. » La salle agrandie devra attendre juin pour accueillir les premiers clients.

« On se demandait ce qu’allait devenir notre métier »

Dans le centre-ville, rue des Bonnetière­s, Les Têtes d’ail se refont une beauté. Julien Paul le gérant s’attaque à la devanture tandis qu’Alex un de ses employés brosse les sets de table, une centaine qui seront comme neufs.

Il sait que les habitués seront au rendez-vous demain. Le téléphone n’arrête pas de sonner pour les réservatio­ns. « Il était temps. On se demandait ce qu’allait devenir notre métier. On a envie de retrouver notre travail comme avant. Notre plaisir c’est que les gens s’installent à la terrasse, de les servir. On est la cantine de beaucoup de gens. »

« Pourvu que la météo soit bonne »

Au Chantilly sur la place Puget, Benjamin Simeon met les dernières touches à la carte, complèteme­nt changée, avec son cuisinier. Pâtes à la poutargue, filets de sardines en papillote, asperges et pommes de terre, tarama aux oursins et au caviar... Ce sera que des produits frais et de saison. La nouveauté attend les clients, nombreux à réserver, dont le maire de Toulon confie-t-il. « On est déjà presque complet pour demain et aprèsdemai­n. » Mais de 200 places, il est passé à 100.

Pour Benjamin Simeon, comme pour les autres, l’essentiel c’est de reprendre. Enfin ! « Mais pourvu la météo soit bonne. Au moins les dix premiers jours. Même s’il fait gris, c’est bon, et même s’il y a du vent. Mais qu’il ne pleuve pas. »

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(Photo Luc Boutria) Alain Caeron en plein nettoyage de la terrasse de son restaurant sur le port de Toulon.
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