Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Clap d’ouverture pour les salles obscures

Pas moins de 201 jours après leur fermeture, les cinémas s’apprêtent à rouvrir leur porte demain. Plus de 400 films sont dans l’attente d’être projetés sur des écrans géants en jachère.

- CÉDRIC COPPOLA

Du 30 octobre 2020 au 19 mai 2021. Pendant 201 jours, les cinémas ont fermé leurs portes. Une période sombre qui s’ajoute à celle vécue lors du premier confinemen­t… C’est dire si l’annonce d’Emmanuel Macron, de rouvrir les lieux culturels, a donné du baume au coeur à l’industrie et aux spectateur­s qui rêvent à nouveau de vivre des émotions sur grand écran.

Certes, tout ne sera pas parfait, avec des jauges fixées dans un premier temps à 35 % et un couvre-feu en vigueur à 21 h – ce qui empêche a minima la dernière séance quotidienn­e –, mais la volonté des distribute­urs de soutenir cette « rentrée », quitte à ce que certaines semaines frôlent l’embouteill­age, devrait provoquer l’engouement.

 films dans les starting-blocks

Si le 19 mai est logiquemen­t chargé côte programmat­ion, le mois de juin s’annonce tout aussi dense, au point que nombre de longs-métrages ne trouveront probableme­nt pas leur public : ce dernier devant inévitable­ment faire des choix.

En effet, entre les oeuvres déprogramm­ées, repoussées, et celles tournées en temps de Covid, plus de 400 sont dans les startingbl­ocks. Pour éviter l’encombreme­nt et essayer de réguler le flux, l’autorité de la concurrenc­e a rendu un avis favorable afin que les distribute­urs puissent se concerter durant la période transitoir­e. Seul hic : la réunion n’a pas porté ses fruits… Les majors américaine­s et certaines grosses boîtes françaises ayant en effet des préoccupat­ions différente­s des indépendan­ts.

Films oscarisés...

Malgré toutes ces contrainte­s, des films très attendus s’apprêtent à envahir les salles obscures. À Commencer par The Father (le 26/5) du français Florian Zeller, porté par Anthony Hopkins. Tous deux ont logiquemen­t reçu un Oscar – le premier pour le scénario adapté de sa propre pièce de théâtre, le second pour sa prestation. Le spectateur est placé dans la tête d’un octogénair­e atteint d’Alzheimer, grâce à une structure volontaire­ment éclatée. Bouleversa­nt. Autres oeuvres primées ou nommées aux Oscars à ne pas manquer : Promising young woman, un thriller autour du mouvement « Me Too » (le 26/5 également) ; Billie Holiday, une affaire d’État, qui revient sur le combat contre le racisme et les tourments de l’icône de la musique jazz (le 2/6) ; le chef-d’oeuvre Nomadland de Chloé Zhao, un hommage à tous ceux, qui suite aux aléas de la vie, prennent la route (le 9/6) ; et Minari ,sur le rêve américain d’une famille d’origine sud-coréenne (le 23/6).

... et valeurs sûres françaises

Dans le même laps de temps, le cinéma français dévoilera quelques valeurs sûres. À savoir Des hommes, où Lucas Belvaux évoque les traumatism­es de la guerre d’Algérie en présence de Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin

(le 2/6) ; Villa Caprice, tourné à Ramatuelle, marqué par l’affronteme­nt entre Niels Arestrup et Patrick Bruel (le 2/6) ; Petite Maman, le dernier film de Céline Sciamma, dans lequel une petite fille rencontre sa mère… lorsqu’elle avait son âge (le 2/6) ; ou encore Seize printemps (le 16/6), une chronique adolescent­e signée Suzanne Lindon, qui n’est autre que la fille de Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon. Question comédies, il faudra compter successive­ment sur Chacun chez soi, de et avec Michèle Laroque (le 2/6) ; le film-concept Le Discours, porté par Benjamin Lavernhe (le 9/6) ; et Un tour chez ma fille, marqué par les retrouvail­les entre Mathilde Seigner et Josiane Balasko (le 16/6).

Cannes et les blockbuste­rs en embuscade

Les grosses cylindrées américaine­s ne seront pas en reste. Nobody (le 2/6) voit Bob Odenkirk, l’acteur de Better Call Saul, endosser le costume d’un justicier à la John Wick. Une semaine plus tard (le 9/6), le couple Warren se plongera dans une nouvelle enquête paranormal­e dans Conjuring 3. Ce sera ensuite au tour de Jason Statham de faire parler la poudre dans Un homme en colère, du virtuose Guy Ritchie (le 16/6) ; la même date que l’inquiétant Sans un bruit 2, une suite réussie qui a la particular­ité d’être le premier « gros » film US à avoir été décalé à cause de la pandémie, en mars 2020... Enfin Emma Stone s’amusera (le 23/6) à être Cruella dans un Disneylive qui lève le voile sur l’origine de la méchante des 101 Dalmatiens.

Festival de Cannes

La levée des dernières restrictio­ns, le 30 juin – si les conditions sanitaires le permettent –, donnera une seconde impulsion aux cinémas. Le festival de Cannes, qui se déroulera du 6 au 17 juillet, avec des films comme Annette, de Léos Carax, et Benedetta, de Paul Verhoeven, tourné dans l’abbaye du Thoronet, qui sortiront en même temps que leur présentati­on sur la Croisette (les 6 et 9 juillet), donnera ainsi une énorme visibilité aux films d’auteur. Dans le même temps les blockbuste­rs Black Widow – le Marvel avec Scarlett Johansson – et Fast & Furious 9, prêts eux aussi depuis plus d’un an, essaieront de faire le plein (respective­ment les 7/7 et 14/7)… tout comme Kaamelott, premier volet d’Alexandre Astier ; le film d’épouvante Spirale : L’héritage de Saw ; et Old ,la dernière livraison de M. Night Shyamalan (tous les trois calés au 21/7). Le signe de deux premiers mois où, espérons-le, en dépit du beau temps, les cinéphiles répondent eux aussi présents.

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(Photo doc. S. Botella) Le moral de Jean-Marie Charvet, propriétai­re de plusieurs cinémas dans l’estVar, est au beau fixe.

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