Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le vallon des Gâches sauvé de l’immobilier

La cour administra­tive d’appel de Marseille vient d’invalider définitive­ment le permis de construire délivré par la mairie, en mai 2016, pour un ensemble de six maisons.

- E.C. echarpenti­er@nicematin.fr

La persévéran­ce des associatio­ns de riverains et protecteur­s de l’environnem­ent aura fini par payer : aucun lotissemen­t ne sera construit au vallon des Gâches, situé à l’extrême ouest du cap Lardier sur la commune de La CroixValme­r. C’est ce qui ressort de l’ultime jugement rendu le 21 mai dernier par la cour administra­tive d’appel de Marseille qui confirme le jugement de première instance rendu par le tribunal administra­tif de Toulon et annule le permis de construire accordé par la mairie de La Croix-Valmer pour la constructi­on d’un ensemble de 6 maisons. Engagés côte à côte dans ce combat, un collectif de riverains, l’AFUL des Mas de Gigaro et l’associatio­n environnem­entale Vivre dans la presqu’île de Saint-Tropez (VPIST) ont toujours obtenu gain de cause dans leurs recours depuis janvier 2018. Et ce tant en première instance devant le tribunal administra­tif de Toulon qu’à la cour d’appel de Marseille.

Un dernier jugement logique

Pour faire court dans ce véritable imbroglio juridico-administra­tif, les collectifs avaient attaqué une autorisati­on de défricheme­nt sur une partie du terrain, une autorisati­on préfectora­le accordée pour la création d’un bassin écrêteur de débit des eaux pluviales et, surtout, un permis de construire délivré par la mairie de La Croix-Valmer. À chaque fois, le promoteur la SCI Les Gâches avaient interjeté appel des jugements rendus par le tribunal administra­tif.

En vain donc puisqu’en septembre 2020, le dernier arrêt prononcé par la cour d’appel confirmait l’annulation de l’autorisati­on de défricher, ce qui logiquemen­t menaçait de faire « tomber » définitive­ment le permis de construire. Et c’est bien ce qui s’est passé, même s’il a fallu attendre quelques mois supplément­aires !

« Dans son arrêt rendu le 12 mai, la Cour d’appel rappelle l’arrêt du 17 septembre 2020 aux termes duquel elle a confirmé le jugement rendu par le tribunal administra­tif annulant l’autorisati­on de défricheme­nt du 23 juillet 2014, souligne Nicolas Patel, qui a coordonné les actions en justice de l’AFUL et de VPIDST. La cour a développé à nouveau les motifs retenus pour confirmer le jugement : en d’autres termes le terrain présentant le caractère de site remarquabl­e, il doit être protégé car il s’intègre dans un fond de vallon qui fait partie du massif du cap Lardier. »

« Certes, poursuit-il, la mairie renvoie la responsabi­lité vers la préfecture qui a accordé l’autorisati­on de défricheme­nt, mais les services de l’État ont donné cette autorisati­on administra­tive car le terrain était constructi­ble dans le Plan local d’urbanisme (PLU) en vigueur, qui relève de la responsabi­lité de la mairie. Elle va donc devoir appliquer les décisions de justice et reclasser sans délai ce terrain en zone inconstruc­tible comme cela était le cas jusqu’en 1998, date à laquelle le maire de l’époque avait cédé à la demande du propriétai­re de cette parcelle. C’est une grande victoire pour tous les défenseurs de l’environnem­ent et les amoureux de notre belle presqu’île. » Mais selon Nicolas Patel, « le maire Bernard Jobert traîne des pieds pour adopter un nouveau PLU. Étant rappelé que la commune de La Croix-Valmer détient le record de France de la plus longue durée de révision d’un PLU, puisque le sien est en révision depuis 10 ans ! »

Pour Bernard Jobert, la réalité est un peu différente : « On avait mis le terrain en zone entre parenthèse­s en attendant les jugements mais son reclasseme­nt est prévu dans le remaniemen­t du PLU et ce sera fait. Le problème, c’est que notre PLU doit être compatible avec le Schéma de cohérence territoria­le (SCoT) dont on attendait qu’il soit opposable. Or, le préfet a invalidé le SCot approuvé l’année dernière par la Communauté de communes et il est actuelleme­nt en modificati­on. Une fois qu’il sera approuvé, on pourra sortir notre PLU. Sans faire de pronostics, on peut l’espérer pour mi-2022. »

Même si le volet juridique est épuisé, encore un peu de patience donc pour les défenseurs du vallon des Gâches !

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(Photo E. C.) Le vallon des Gâches peut enfin « respirer », en attendant de revenir en zone inconstruc­tible dans le cadre de la révision du Plan local d’urbanisme.

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