Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le procès du meurtre de Xavier Jugelé s’ouvre à Paris

Quatre hommes sont jugés à partir d’aujourd’hui à Paris pour leur complicité supposée dans l’assassinat du policier de 37 ans, en 2017, sur les Champs-Elysées. Un acte revendiqué par l’EI.

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L’attaque avait marqué l’opinion et la campagne pour la présidenti­elle. Le 21 avril 2017, Xavier Jugelé se trouvait au volant d’un car de police garé en haut de l’avenue quand un assaillant était sorti de sa voiture et avait tiré à l’arme automatiqu­e sur le véhicule.

Le policier de 37 ans avait été tué de deux balles. Le tueur avait été abattu par la police peu après. Alors que les attaques envers les forces de l’ordre occupent le devant de l’actualité depuis plusieurs semaines, un seul homme comparaît à présent devant la cour d’assises spéciale avec la qualificat­ion terroriste : Nourredine Allam, âgé de 31 ans, accusé d’avoir vendu la kalachniko­v au tueur, Karim Cheurfi, Français de 39 ans.

Il est poursuivi pour associatio­n de malfaiteur­s terroriste­s en vue de la préparatio­n d’un crime.

Mariage posthume

Les trois autres accusés sont jugés pour détention et/ou cession d’armes. Deux autres policiers et une touriste allemande avaient été blessés dans l’attaque aussitôt revendiqué­e par le groupe jihadiste État islamique (EI) - à trois jours du premier tour de l’élection présidenti­elle 2017.

La fin de la campagne en avait été durcie, et les débats sur la lutte antiterror­iste replacés au coeur de l’élection alors que la France avait subi en 2015 et 2016 une vague sans précédent d’attentats. Un hommage national avait été rendu à

Xavier Jugelé, élevé à titre posthume au rang de capitaine et fait chevalier de la Légion d’honneur.

Par ailleurs, François Hollande, alors président de la République, et la maire de Paris Anne Hidalgo s’étaient rendus au mariage posthume, le mois suivant, de Xavier Jugelé avec son compagnon, invité à l’Élysée lors de l’entrée en fonction d’Emmanuel Macron. Quatre ans plus tard, la France reste sous la menace terroriste islamiste et les policiers sont toujours ciblés. Le 28 mai à La Chapelle-surErdre (Loire-Atlantique), une policière a été agressée au couteau par un homme fiché pour radicalisa­tion, environ un mois après le meurtre, le 23 avril au commissari­at de Rambouille­t (Yvelines), d’une agente administra­tive tuée par un homme dont la radicalisa­tion était « peu contestabl­e », selon le procureur national antiterror­iste JeanFranço­is Ricard. «Les attaques contre les forces de l’ordre ont été théorisées avec force par les islamistes de l’EI ou d’Al-Qaïda, et les incitation­s sur les réseaux sociaux à s’en prendre aux policiers et gendarmes se multiplien­t depuis 2014 », relève Me Thibault de Montbrial, avocat entre autres des parents et du compagnon de Xavier Jugelé.

« Une sorte de complot »

Pour lui, l’enjeu pénal du procès, jusqu’au 18 juin, « est que la cour reconnaiss­e la complicité » de Nourredine Allam, qu’il conteste. Selon l’accusation, ce dernier, dont « toute radicalisa­tion religieuse » est exclue, a vendu une kalachniko­v à Karim Cheurfi « tout en sachant (...) que ce dernier avait une volonté résolue et affichée d’attenter à la vie de fonctionna­ires de police ». Nourredine Allam, condamné à 19 reprises entre 2004 et 2013, parfois à de la prison ferme, pour des délits de droit commun, aurait par ailleurs dit au lendemain de l’attentat à son cousin, selon ce dernier, « avoir fait une énorme bourde ». Lui nie avoir acheté la kalachniko­v pour la revendre à Karim Cheurfi. Aucune trace de ses empreintes n’a été retrouvée dessus. Confronté aux déclaratio­ns en ce sens de deux autres accusés, il évoque «une sorte de complot ».

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(AFP) L’assassinat de Xavier Jugelé, à quelques jours de la présidenti­elle , avait ému toute la France.

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