Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
TOP (FIN DE SAISON) Les raisons de la colère
La défaite à Castres a enterré la saison toulonnaise. Un coup dur pour le club mais aussi pour les supporters, qui ne cachent pas leur déception. Ils attendent des réponses.
Privés de stade, les supporters ont vécu cette saison dans la souffrance. Impuissants. Samedi soir, la colère a éclaté sur les réseaux sociaux. Avec certains excès. Une frustration 2.0 qui ne reflète pas l’opinion de tous mais qui est à prendre en compte. Pour prendre la température, nous avons choisi de donner la parole aux présidents de trois associations de supporters (1). À tête froide, ils ont accepté de livrer leur ressenti sur cette saison douloureuse.
«Ilyauneforme de lassitude »
Julien Perpere, président des Fils de Besagne : « La grogne était prévisible. Elle était emmagasinée depuis plusieurs mois, même saisons. Je suis d’accord quand on dit que le match à Castres est à l’image de notre saison. Il y a 20 minutes où on est au-dessus et 60 minutes de rien. La question maintenant est de savoir si on se dit : « OK on n’a pas eu de chance » et on repart comme ça la saison prochaine ou si à un moment donné, on tape du poing sur la table et les personnes en charge de la politique sportive du club prennent leurs responsabilités. C’est ce que nous demandons : qu’un état des lieux soit fait et qu’on en tire les conclusions. On ne peut pas repartir comme ça la saison prochaine. On est 8e, on ne voit pas la phase finale pour la troisième année. Ce n’est pas possible pour le RCT. La colère va au-delà du sportif : Bernard Lemaître ce n’est pas Mourad Boudjellal, nous l’avons bien compris. Mais il y a eu trop de sorties de route cette année et à aucun moment nous avons eu l’impression que Bernard Lemaître a essayé de recadrer les choses. Quand Bernard Lemaitre nous dit il y a un mois qu’on va finir dans les 6 et même 3e, on a l’impression qu’il est déconnecté de la réalité. Le duo Lemaitre/Collazo est sous le feu des critiques. Après, je n’ai pas envie de taper sur le président car je sais que dans cette saison Covid, heureusement qu’il était là, mais faut qu’il ouvre les yeux. Pour les abonnements, ce sera compliqué. On ne pourra pas jouer que sur la frustration des gens de ne pas être allés au stade pendant deux ans. Heureusement que le club n’a pas revu à la hausse les tarifs, mais le recrutement ne fait pas rêver. OK, c’est fini la politique des stars. Mais en allant recruter des joueurs à Aurillac ou Brive, et je n’ai rien contre eux, ce n’est pas ça qui fait rêver les gens. J’ai peur que des gens aient décroché. Il y a une forme de lassitude. Le club doit prendre conscience de ça. Il faut du changement. »
« Il nous manque des patrons »
Manu Bielecki président des Z’Acrau du RCT : « C’est la gueule de bois. Il y a de la déception et de la colère. À Castres, on n’a pas vu une équipe qui cherchait la qualif. En prendre 50, ça veut dire qu’on n’est pas invité. Mais dès qu’Ollivon s’est blessé, on n’a plus rien vu. C’est à l’image de la saison. C‘est un manque de caractère. D’ailleurs, chaque fois qu’Ollivon a été absent ça a été la même chose. Lui, c’est le patron, les autres semblent dans l’attente. Mais la déception est sur l’ensemble de la saison. On devient un club aseptisé, même lorsqu’on lit les commentaires d’après match quand on nous dit : « on fera mieux la saison prochaine », ça veut dire quoi ? Qu’on finira 7e ? On n’a pas l’impression qu’on va retourner à la guerre. Ça va être compliqué pour tout le monde. On est à la veille de la campagne d’abonnement, il va falloir être très bon pour faire le plein. Il y a un désamour. Une phase finale, jouer la Champions Cup, ça aurait aidé. Là, on termine 8e sur 14. On n’a pas le 8e budget de Top 14. On dit que c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. On y est et ils n’ont pas été bons. Ça fait chier. Depuis 2018, on n’est plus en phase finale. Je pense que Patrice Collazo est un bon entraîneur, il arrive à galvaniser son groupe, mais sur l’ensemble de la saison, il manque de relayeurs sur le terrain. On prend des minots, mais les jeunes doivent déjà faire leurs preuves avant de prendre tout le poids sur les épaules. Il nous manque des patrons. À Castres, tu as le droit de perdre, mais pas d’en prendre 50. C’est un abandon. Aujourd’hui, un club, c’est comme une société. Il est à l’image de son boss. Pour nous, heureusement que Bernard Lemaitre est là sinon on jouerait contre Solliès-Pont, mais par contre, on ne va pas non plus jouer contre le Racing en phase finale… Il y a un juste milieu à trouver. Le président doit réagir après cette défaite, c’est à lui de donner des explications. On devient un club lambda. C’est triste. »
« Nous voulons des joueurs qui s’investissent »
Serge Oddo, président des Bulls : « Je suis bien content que ça se finisse. C’était vraiment une année de merde entre les doublons, les blessés, la Covid... Il faut cependant tirer les enseignements de cette saison. Le président, le staff, tout le monde doit se réunir pour savoir où on veut aller. Est-ce qu’on veut garder une équipe au top ou une équipe du ventre mou ? Est-ce qu’on va se donner les moyens de rester une grande équipe ? C’est la question. On a surévalué notre équipe. La réalité est autre. Ça fait des années que ça dure. Pas seulement depuis l’arrivée de Collazo. Il y a une descente progressive vers un club lambda. On n’a aucune visibilité sur le recrutement, ça fait un peu peur. Nous voulons des joueurs qui s’investissent, peu importe d’où ils viennent. On va au stade pour voir une équipe qui gagne, pas pour souffrir. Si Collazo avait la même équipe que Laporte, il aurait d’autres résultats. Nous avons besoin de combattants. Il y a beaucoup de frustration, mais on a ce qu’on mérite sur la saison. On devient un club comme un autre, donnons nous les armes si on veut rester dans le haut du tableau. Il faut savoir si on a les bons éléments aux bons postes. La campagne d’abonnement commence cette semaine, on dit quoi aux abonnés ? Il n’y a pas de recrutement. Nous étions contents de voir des stars comme Wilko, Giteau, ils n’étaient pas Toulonnais mais on gagnait. » 1. Nous avons également sollicité le président du RCT, Bernard Lemaître, qui n’a pas souhaité s’exprimer hier.