Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
En pointe, le Var mise sur l’hydrogène
À travers un vaste ambitieux programme baptisé Hynovar, le département entend développer cette énergie verte comme alternative aux hydrocarbures. Explications.
Le Var va-t-il devenir le premier département hydrogène ? C’est en tout cas l’ambition affichée par les collectivités. Lancé en 2016, le programme Hynovar, porté par la Chambre de commerce et d’industrie du Var (CCIV), est un ensemble de projets visant à valoriser l’hydrogène comme solution alternative aux hydrocarbures. « Le port cherche de nouvelles énergies propres et celle-ci s’inscrit pleinement dans cette transition », explique Hervé Moine, directeur adjoint des ports de Toulon à la CCIV et responsable du programme. Différents pôles doivent se convertir à cette énergie moins polluante, dont le port de Brégaillon, à La Seyne, où le premier bateau de plaisance à propulsion hydrogène du monde a été présenté la semaine passée lors des bien nommées « Journées rade hydrogène ». Une étape supplémentaire franchie dans cet avènement de ce gaz : « Ce n’est plus du blabla, là, c’est du concret », affirme Hervé Moine.
« Être de la production à l’usage »
En France, l’hydrogène est encore largement produit à partir d’énergies fossiles (gaz, charbon, hydrocarbures). Le Var, lui, veut miser sur de l’hydrogène « vert » fait à partir de décomposition de l’eau (électrolyse), via de l'électricité renouvelable, ou en recyclant des déchets végétaux. « On ambitionne d’être de la production à l’usage dans cette filière. Pouvoir fabriquer cette énergie localement et l’utiliser sur des bateaux voire, à terme, sur des trains de fret ou des bus », argumente Hervé Moine.
Dans les cartons, notamment : un hydrogène 100 % made in Var produit sur le plateau de Signes en captant l’énergie solaire suffisante pour produire ce carburant propre et l’acheminer dans des bonbonnes. La CCIV aimerait aussi d’ici 24 mois voir se lancer une navette fluviale 100 % hydrogène capable d’accueillir 250 personnes à son bord.
Des projets écologiques ambitieux mais qui coûtent. Une navette fluviale, c’est autour des 3 millions d’euros. « Nous voulons que les pouvoirs publics soutiennent les projets. Et que la manne financière de 7 milliards d’euros décidée par le gouvernement l’an dernier sur la filière puisse absorber ces coûts » , espère Hervé Moine. Avant de conclure : « Les coûts chuteront rapidement quand on aura la capacité suffisante de produire cette énergie. »