Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
MARRE DES DÉPOTOIRS
Un plan d’actions est mis en oeuvre dans le Var Des caméras contre les dépôts sauvages
Ces images, on ne les connaît que trop bien. Elles griffent méchamment un coin de nature, le long d’une route de campagne, bordée de forêts, genêts en fleurs et vignes AOC.
Les intrus sont des blocs de ciment, des agglos… Du plastique qui se décompose en milliers de confettis. Des hydrocarbures ou des acides. Quand ce ne sont pas des plaques ondulées, constellées d’amiante. « Les gendarmes ont chopé quelqu’un il y a quinze jours, sur Le Beausset. Il faut que les gens aient un peu peur. » Au parc naturel régional de la Sainte-Baume, le sujet est devenu « très prégnant ».
« Le frigo ou le canapé, c’est pas le BTP ! »
Les dépôts sauvages sont un fléau dont on peine à voir le bout. Surtout ici, « dans un territoire rural, mais périurbain, où les travaux du BTP sont nombreux », analyse le directeur du parc, Alexandre Noël. Des abords de route où on vient discrètement, verser une benne, un fond de coffre, un sceau. Mais, « il n’est pas question de stigmatiser tous les professionnels du BTP, nuance le président du parc, et maire de La Roquebrussanne, Michel Gros. Le frigo, ou le canapé, c’est pas le BTP ! C’est utiliser la nature comme dépotoir. »
Hélas, les dépôts ne diminuent pas. Au contraire. Le parc naturel régional de la Sainte-Baume agit et organise des opérations de nettoyage. Après La Roquebrussanne et Néoules, viendront Tourves et Rougier. Puis mi-juin, Signes et Le Beausset, sur le versant sud du massif qui est « le plus touché ». Une fois les déchets enlevés, des blocs de pierre sont placés pour obstruer le chemin. Mais ce n’est pas tout. « Dix caméras de chasse seront cachées sur plusieurs sites, les plus visités, complète Michel Gros. Ce sont les polices municipales qui visionneront les images. Nous pourrons aussi déplacer ces caméras. Ce sera dissuasif. »
Cette « photo surveillance » n’est pas inédite en Centre-Var. La gendarmerie est dans la boucle.
« Le parc lance un plan de lutte, qui est soutenu par la Région, les communes et le Sived (1). Grâce au concours des polices municipales, nous avons recensé 140 dépôts sauvages », détaille Alexandre Noël. Une douzaine a déjà été traitée, dans la plaine agricole de l’Issole. Il y en aura encore autant d’ici le 15 juin. Au total, plus de 300 m3 de dépôts illégaux sont identifiés. 1. Le Sived « nouvelle génération » collecte, trie et traite les déchets dans ce secteur.