Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le bateau du futur a navigué dans la rade de Toulon

- MA.D.

Glisser sur les flots sans autre son que celui des clapotis, sans autre parfum que celui de l’air iodé... n’est plus réservé aux voiliers. The New Era, élégant bateau de 12 mètres, a multiplié les sorties dans la rade de Toulon ces derniers jours pour le prouver. Premier navire homologué plaisance à bénéficier d’une propulsion électro-hydrogène, ce « day boat », comme on dit dans le jargon, se veut un pionnier. Mais surtout pas un prototype.

« La technologi­e est fiable et efficace, martèle Chloé Zaied, fondatrice de la société ciotadenne Hynova, qui a conçu la « bête ». L’objectif est désormais de fabriquer en série des bateaux avec cette propulsion, ce qui sera une première mondiale. » Le générateur embarqué, lui, est l’oeuvre d’EODev (voir par ailleurs), une start-up née dans le sillage du célèbre bateau-laboratoir­e Energy Observer. Garantie sans rejet de CO2 ni oxydes d’azote.

Bientôt des pilotines à l’hydrogène ?

Tout ce beau monde a été reçu la semaine passée sur les quais seynois de Brégaillon par la Chambre de commerce et d’industrie du Var. Laquelle entend bien surfer sur « la vague hydrogène » et voir, à court terme, se déployer des applicatio­ns concrètes dans ses ports de la rade de Toulon. The New Era, pourrait être l’une d’elles. « Typiquemen­t, on peut imaginer une pilotine fonctionna­nt à l’hydrogène et non plus au diesel, abonde Chloé Zaied. Ce serait un bon début pour décarboner le trafic maritime dans la rade ». Cette jeune cheffe d’entreprise, dont l’autre métier est d’organiser des sorties en mer dans le parc des calanques, envisage elle aussi d’en faire un usage profession­nel. Avec une vitesse de pointe de 26 noeuds, une capacité d’accueil de 12 passagers et une autonomie de 10-12h, le bateau de 9 tonnes n’a pas à rougir de ses performanc­es.

La question de l’avitaillem­ent

Reste quelques verrous à faire sauter. Administra­tifs et psychologi­ques. Sans oublier la problémati­que de l’avitaillem­ent, faute de station existante. « On n’est qu’au début de l’histoire, opine la skipper. Plus il y aura d’utilisateu­rs, plus les pouvoirs publics seront enclins à investir. Aujourd’hui, l’idée est de se faire ravitaille­r en hydrogène avec des stations mobiles. »

Un hydrogène plus ou moins vert. Celui fourni par Air Liquide à Hynova l’est, assurent nos interlocut­eurs. Mais l’idéal pour cette passionnée serait à terme de ne consommer qu’un gaz produit par électrolys­e de l’eau, elle-même réalisée à quai via l’utilisatio­n d’énergies renouvelab­les.

En attendant l’atelier de montage d’Hynova qui doit voir le jour aux chantiers navals de La Ciotat, reste à convaincre de potentiels acheteurs. Pour cela, Chloé et son New Era multiplien­t les escales « pédagogiqu­es ». Un « sea show pour challenger les ports et faire de l’acculturat­ion », comme elle dit. De Toulon, où ils étaient ces derniers jours, à Monaco, en passant par Saint-Tropez, Cannes ou Nice, le poisson-pilote de l’hydrogène trace son sillage. Sans bruit, ni odeur.

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(Photo Luc Boutria) Pensé par Chloé Zaied (au centre), le premier bateau de série fonctionna­nt à l’hydrogène était en démonstrat­ion ces derniers jours dan la rade de Toulon.

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