Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
La PMA pour toutes dans la dernière ligne droite
Alors que les députés examinent le projet de loi de bioéthique, Olivier Véran a promis hier que des couples de femmes pourront s’inscrire dans des parcours de procréation médicalement assistée « dès la rentrée ».
Le Parlement doit adopter définitivement le texte en juillet et «les textes d’application de la loi doivent être préparés dès à présent afin que des premiers enfants puissent être conçus avant la fin de l’année 2021 », a garanti hier le ministre de la Santé Olivier Véran, au coup d’envoi des échanges sur le texte qui doit ouvrir également la procréation médicalement assistée aux femmes seules. Promise par Emmanuel Macron, la première et probablement seule grande réforme de société du quinquennat a pris du retard en raison de la Covid-19. Le soutien de l’opinion à l’ouverture de la PMA augmente au fil des années : 67 % des Français y sont désormais favorables, selon un sondage Ifop pour l’association des familles homoparentales.
« Ambitieux sans être aventurier »
Porte-parole de cette association, Fabien Joly pousse « un ouf de soulagement : cette loi va finalement être adoptée ». Il relève cependant « le risque d’avoir une pénurie de sperme » face à la demande, alors que le projet de loi prévoit une levée de l’anonymat des donneurs sous conditions.
Des associations LGBT alertent « sur les trop nombreux manquements du texte », comme l’exclusion des hommes trans de l’accès à la PMA. « Ce texte ne satisfera pas tout le monde, mais il sera un texte équilibré, ambitieux sans être aventurier, et responsable sans être tiède », vante M. Véran.
1 550 amendements
L’opposition de droite n’a pas dit son dernier mot et a déposé près des deux tiers des 1 550 amendements au menu jusqu’à vendredi. « L’exécutif fait preuve d’un sens catastrophique des priorités » au regard notamment de la crise sanitaire, a répété le député LR Patrick Hetzel devant l’hémicycle, reprenant les termes d’une tribune cosignée par 80 parlementaires de droite.
« Le gouvernement veut passer en force sur le projet de loi bioéthique », jugent ces élus, appelant plutôt « à un vrai débat démocratique en 2022 ».
Plus de 200 personnes se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale, à l’appel de La Manif pour Tous, pour protester contre ce texte. « PMA sans père, savez-vous ce qu’en disent les psychiatres ? », criaient des manifestants tandis que des drapeaux étaient distribués, avec l’inscription «Liberté, égalité, paternité ».
À gauche, la communiste Elsa Faucillon s’est réjouie au contraire d’une « avancée juste et indispensable dont nous devons être collectivement fiers ». Mais pour La France insoumise, Bastien Lachaud a jugé le texte trop limité, en particulier vis-à-vis des transexuels, et « conçu pour donner bonne conscience au quinquennat Macron ».
Au Sénat le 24 juin
Le projet de loi, sur lequel les députés ont la liberté de vote, a entamé son parcours parlementaire à l’automne 2019. Il y a un an, le Sénat dominé par la droite avait voté le projet de loi avec sa mesure d’ouverture de la PMA, excluant toutefois la prise en charge par la Sécurité sociale.
Mais en deuxième lecture, les sénateurs ont adopté dans la confusion le texte amputé de cette mesure emblématique. Députés et sénateurs n’ont pas trouvé de compromis, d’où cette dernière navette, avec ensuite une nouvelle lecture au Sénat le 24 juin et in fine le dernier mot pour l’Assemblée.