Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Des questions après le décès d’un Varois tout juste vacciné
Cardiaque, Michel Joanin est mort huit heures après la deuxième injection d’un vaccin AstraZeneca. Son dossier va être expertisé par le centre régional de pharmacovigilance.
Michel Joanin, 66 ans, est mort huit heures après la deuxième injection d’un vaccin AstraZeneca contre la Covid-19, le 23 mai dernier. S’agit-il d’une malheureuse coïncidence ou, comme l’interroge sa famille, la vaccination est-elle en cause ?
Certes, « Michel était déjà gravement malade, reconnaît Françoise, l’une de ses soeurs. Un arrêt cardiaque, c’est quelque chose qu’on redoutait tous les jours. Mais là, on ne peut pas s’empêcher de faire un lien avec le vaccin. Il est mort huit heures après l’injection, avec 38,8° de fièvre. Il venait juste de noter sa température dans le cahier où il consignait plusieurs fois par jour sa température, sa tension artérielle et ses pulsations cardiaques. Il n’a pas fini ses notations… »
Une enquête de pharmacovigilance
La famille a signalé le cas à l’Agence régionale de santé à Toulon, qui a transmis l’information au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) à Marseille.
« Je les ai contactés le soir où nous avons découvert mon frère. Ils ont réagi très vite et très positivement, ils sont très à l’écoute, raconte sa soeur Françoise Joanin. Nous leur avons communiqué l’ensemble de son dossier médical. » La famille a cependant refusé l’autopsie. «On ne voulait pas qu’il subisse ça. » Avec tous les éléments dont il dispose, le centre de pharmacovigilance confirmera, ou pas, le lien entre le décès et la vaccination. « Quand un professionnel de santé, un patient ou une famille nous signale un effet indésirable, on travaille sur les documents qu’on veut bien nous fournir et on expertise pour savoir si oui ou non le vaccin est incriminé dans la survenue de l’effet indésirable », explique le professeur Joëlle Micallef, directrice du CRPV-Marseille Provence Corse.
Ni plainte, ni remise en cause de la vaccination
Dans le cas présent, une contre-indication au vaccin AstraZeneca en lien avec les médicaments pris par le patient est-elle possible, comme le redoute sa famille après avoir échangé avec le cardiologue de Michel Joanin ? Excepté les allergies graves à l’un des composants et les personnes présentant un risque de thrombose atypique, « il n’y a aucune contre-indication, comme avec tous les vaccins, affirme le Pr Micallef. Un vaccin n’agit pas de la même façon qu’un médicament, il n’y a pas d’interactions possibles. Ce qui ne veut pas dire que certaines précautions ne sont pas de mise. Par exemple pour les patients sous anticoagulant, il faut faire attention à éviter des saignements au moment de l’injection. Mais cet effet indésirable n’est pas lié au vaccin luimême, il est le fait de l’injection
intramusculaire. »
Pour la famille, en attente d’une réponse, il ne s’agit ni de désigner un coupable, ni de remettre en cause le principe de la vaccination. « Nous ne souhaitons pas porter plainte. Ce que nous voulons, c’est que l’on étudie son dossier et qu’il y ait des recommandations pour les personnes cardiaques comme lui. Peut-être qu’il n’aurait pas fallu le vacciner ? Peut-être qu’il aurait dû être suivi dans les heures qui suivaient, qu’il n’aurait pas dû rester seul ? Ce que nous voulons, c’est éviter si c’est possible ce grand chagrin à d’autres familles. »