Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Pauvre France
Il ne faudrait surtout pas considérer la gifle assénée à Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage comme un banal incident ou un vague épiphénomène. Cette tentative de beigne pitoyable n’est rien moins qu’un coup porté à la France. Hier après-midi, un simple mouvement de main a fait vaciller la République pendant une fraction de seconde. Doute ? Abattement ? Colère ? On se demande d’ailleurs quelle réaction a bien pu provoquer cette agression dans l’esprit du chef de l’État. Lui qui tenait tant à aller au contact des Français, à portée de débat et d’engueulade, s’est heurté à la haine. Lui qui entend renouer avec le pays en l’arpentant de long en large est apparu vulnérable, victime d’un geste humiliant, celui d’un quidam traitant le premier personnage de l’État comme un simple garnement.
Certes, les agressions de présidents, parfois bien plus violentes, n’ont rien de franchement nouveau. De l’attentat du Petit-Clamart par l’OAS visant le général de Gaulle en aux tirs ratés du militant d’extrême droite Maxime Brunerie sur Jacques Chirac le juillet , nos dirigeants ont toujours constitué des cibles. Mais depuis l’éclosion du mouvement des « gilets jaunes » fin , on assiste à un regain préoccupant de la violence politique, qu’elle soit physique, verbale ou virtuelle via les réseaux sociaux. Des propos minables de Jean-Marie Bigard souhaitant la mort d’une ministre aux accents conspirationnistes de Jean-Luc Mélenchon, le climat devient chaque jour un peu plus malsain. Pas étonnant, dans ces conditions, que les coups viennent s’ajouter aux insultes et aux invectives. Hier, c’est notre démocratie qui encore a pris une claque. Pauvre France.
« Hier, c’est notre démocratie qui encore a pris une claque »