Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
TAPIE À LIVRE OUVERT
Ses souvenirs ses joies son grand regret Son opinion sur l’ouvrage de F.-O. Giesbert
J «amais il ne se rendra. Il mourra vivant ! » Ainsi parle Franz-Olivier Giesbert dans sa biographie Bernard Tapie, Leçons de vie, de mort et d’amour. Six ans d’enquête et de dialogue avec Tapie, avec des hauts et des bas, des coups de gueule et des portes qui claquent quand « Nanard » se refuse à se raconter, se livrer, se dévoiler, mais à la fin… ce livre. Conçu comme un thriller, ces Leçons de vie, de mort et d’amour (aux Presses de la Cité) traverse un demi-siècle d’un destin hors normes : celui d’un gamin du Bourget qui vit dans un 14 m2 avec ses parents, son frère et… un petit renardeau recueilli blessé en forêt en guise d’animal de compagnie, celui de l’ancien patron de l’OM, de l’entrepreneur au sang chaud, du crooner, de l’acteur, du bateleur politique capable de terrasser un Jean-Marie Le Pen au sommet de sa gouaille, de séduire Mitterrand, de vivre de rebond en rebond au gré de ses désirs d’avenir. Homme aux mille vies. Aux mille morts aussi.
« Une injustice sans exemple »
On y croise Basile Boli, le Blaireau Bernard Hinault, on y frôle le rêve d’Icare lorsque le fils de prolo du 93 rachète Adidas, puis il y a la chute. La prison, les « affaires ». Un jardin à Valenciennes.
Un arbitrage qui fait plus que le ruiner. « C’est surtout l’histoire d’un acharnement et d’une injustice sans exemple sur le mode tous contre lui », insiste Franz-Olivier Giesbert, qui ne cache pas son désir impérieux de réhabilitation de cet homme qui, pour lui, reste « un mélange décoiffant de Depardieu (l’exubérance), Sarkozy (la puissance), Gabin (la trogne), Bashung (la tendresse), Audiard (la gouaille). Avec un zeste de Coluche. »
« Jean Valjean malgré lui ! »
Jacques Séguéla qui tentait de résumer la vie de BT disait : «Il rêvait d’être Frank Sinatra, il jouera les Rockefeller avant de vouloir être Mitterrand II et de finir en Jean Valjean malgré lui. » Aujourd’hui, alors que les cancers l’assaillent de toutes parts, que l’avenir n’est plus qu’un fil, le Tapie de Giesbert est toujours, plus que jamais même, « un professionnel de la survie ». Qu’on l’aime ou le déteste, sa vie est un roman. Ou une partie de flipper qui ne se terminerait jamais sur le mode « same player shoot again ».