Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Patrice : « Dites » ou la malle aux vinyles
Il est né en 1952. « Presque comme le rock’n’roll ! » , rigole-t-il. Et pourtant Patrice, 69 ans, domicilié en pays grassois, est loin d’être resté scotché aux 33 tours d’Elvis Presley. Pressé, oui, il l’est ! Mais de dénicher sa future pépite vinylique. Celle qui s’ajoutera aux quelque 10 000 qu’il bichonne déjà, avec la bénédiction de Madame, entre sous-sol aménagétempéré, salon et chambres d’enfants partis du nid.
Dérivatif à un métier prenant
« J’ai un petit problème de classement, alors parfois je mets plusieurs jours à retrouver un disque... Mais ça me permet de remettre la main sur d’autres ! J’ai acheté mes premiers disques à dix ans. Les Spotnicks et les Haricots Rouges. Depuis je n’ai jamais arrêté et surtout j’ai tout gardé. Cette boulimie de collection doit par certains côtés relever de la psychiatrie ! », sourit-il. Des propos à considérer, puisque Patrice est... médecin généraliste. « Dites 33 » n’aura jamais été aussi approprié !
« J’ai un métier qui préoccupe pas mal, donc cette passion constitue aussi un dérivatif... Je passe mon temps à compulser mes albums quand je suis en repos. Sinon j’écume dépôts-ventes, salons, bourses aux disques, puces lorsque je suis sur Paris, etc. Et bien sûr les disquaires indépendants. Je serai présent dès l’ouverture pour le Disquaire Day. Chez Thierry de Cosmic Trip car il a un choix vraiment extraordinaire ! », évalue-t-il.
Suivez le disque !
Patrice est à classer au rayon « oiseau rare ». Ne lui parlez pas commandes sur le Net où ses homologues font leur business du fond de leur canapé, sur des sites spécialisés. Lui, ne pratique pas !
« Acheter sur Internet c’est trop facile, sans saveur... J’adore le rituel de l’achat, le contact avec le disquaire, échanger avec lui, voir le disque, le toucher, lire les notes de pochette... C’est comme une excursion. D’ailleurs lorsque je voyage, c’est aussi le circuit des disquaires qui me guide ! » ,explique-t-il.
Le Graal Dylan
Chanson française, jazz, pop, rock, blues... S’il fait preuve d’un bel éclectisme musical propre aux curieux qui n’ont pas d’oeillères, il est un « monument » qui le guide depuis toujours dans sa quête. « Bob Dylan ! Je dois en avoir plus de 200, avec parfois, comme pour Blonde On Blonde , six ou sept éditions différentes d’un même album. Il est aussi un fil conducteur qui m’ouvre sur d’autres artistes, comme Neil Young, et toute cette mouvance », précise-t-il. S’il concède acheter très rarement des CD, il en cumule tout de même près de 8 000. Mais rien à voir avec ces pochettes à l’esthétique magnifique dont ils parent ponctuellement ses murs. « J’encadre des albums par thématiques. J’en ai fait une sur Charlie Parker, une autre sur des « gueules » de bluesmen, un mur exclusivement en noir & blanc sur des chanteuses. Bowie aussi... Si j’affiche parfois, j’ouvre et j’écoute tout. Pas question de garder un album sous plastique, juste pour l’objet. C’est horrible d’entendre qu’au passage du CD, certains ont jeté leurs 33 tours ! », se désole ce connaisseur qui ne capitalise pas sur ses acquisitions et se fiche des cotes.
Quelques trésors...
Et le voilà qui dégaine pêlemêle le mix original de Broken English de Marianne Faithfull dont la particularité est de privilégier les guitares sur la boîte à rythmes, une superbe édition limitée du premier White Stripes en vinyle rouge et pochette hologramme, un live de Jimi Hendrix jouant avec Richie Havens, un 25 cm de Brigitte Bardot millésimé 1963, Ark 2, l’original des Flaming Youth ou débuta Phil Collins à 18 ans et vingt versions différentes de la comédie musicale Hair ! Côté budget mensuel, rien n’est fixé. Loin de vouloir être exhaustif sur ses artistes fétiches, Patrice fonctionne « à l’instinct », pioche dans ce qui lui « procure des émotions ». Même si pour ce D Day, son débarquement vinylique équivaudra certainement à plusieurs centaines d’euros.