Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Ils pavoisent leur jardin « pour ne jamais oublier »

Fréjus Jean Rougier et Michelle Couadou exposent chaque année des drapeaux et panneaux pour se souvenir des deux guerres mondiales.

- ANAÏS GRAND agrand@nicematin.fr

Du bleu, du blanc, du rouge. Partout. Des photos et drapeaux, aussi. De la France, des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni.

Mais que se passe-t-il dans le jardin du 269, rue William-Shakespear­e, à Fréjus ?

Des curieux s’arrêtent devant le portail, scrutent le triptyque ficelé à la poutre du perron. « Nous sommes le 6 juin, jour du Débarqueme­nt de Normandie intervenu en 1944, lors de la Seconde Guerre mondiale. Il ne faut pas oublier ça », leur lance Jean Rougier, bien décidé à raconter le déroulé de cette victoire alliée.

« Peut-être quinze ans que ça dure »

Chaque année, c’est la même chose. Jean Rougier et Michelle Couadou, sa femme, ne comptent plus le temps passé à commémorer cette date, celle du 14 juillet pour la Fête nationale, mais aussi le 15 août, jour du Débarqueme­nt de Provence et du lancement de l’opération Dragoon. Affichés le matin, les ornements sont retirés dans la soirée. « Peut-être quinze ans que ça dure. » Voire plus. Leur mémoire chancelle. Mais les faits, eux, restent ancrés à jamais. « Nos parents ont participé aux deux guerres. Alors, forcément, ça nous touche. On a envie de montrer aux autres qu’il ne faut pas oublier », émue.

Au décès de sa mère, en 1998, elle retrouve une multitude d’archives sur ce passé dont elle ne lui aura que très peu parlé. Michelle Couadou décide de les faire revenir au présent. « Il fallait faire quelque justifie Michelle Couadou, chose de tout ça. C’est important. » Alors, dans la foulée, elle se rapproche de l’associatio­n nationale 1914-1918. Elle en deviendra la présidente. Et Jean Rougier, lui, se lancera dans l’histoire, aussi. «Onne peut pas rester dans son fauteuil et ne pas penser à tous ces jeunes qui sont morts pour notre liberté », insiste-t-il, presque remonté.

Les jours qui précédent les dates clés, il récupère des photos sur Internet, les imprime, les plastifie, puis les affiche. Le thème varie chaque année au gré de ses envies. « On a le sentiment que la mémoire disparaît. Il y a moins d’engouement pour la guerre 1914-1918. Aucun voisin n’expose un drapeau français sur sa façade lors des dates importante­s. On aimerait bien que ça revienne. » Jean Rougier et Michelle Couadou mènent leur combat personnel en solitaire depuis des années. Et espèrent un jour rallier des troupes, « comme avant ». Histoire de ne pas oublier.

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(Photo A. G.) Jean Rougier et Michelle Couadou pavoisent chaque année leur maison en hommage aux  juin,  juillet et  août.

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