Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
L’Observatoire de Nice à la conquête de l’univers
Créé il y a plus de 140 ans, à l’initiative d’un fils de banquier passionné de sciences, l’Observatoire est aujourd’hui à la pointe de cette quête de connaissances sur l’origine de l’univers et de la vie.
L’histoire débute il y a 4,5 milliards d’années, quelque part dans la voie lactée. Il aura suffi d’une étincelle pour créer la vie. Mais quelle étincelle ! L’explosion d’une supernova en fait. En mourant, cette étoile parmi des milliards d’autres aurait ainsi libéré une quantité d’énergie gigantesque. Au point de déstabiliser un nuage moléculaire qui se trouvait à proximité. Cet amas paisible et froid, composé d’hélium et d’hydrogène et de quelques « métaux », se serait alors retrouvé littéralement aplati, étiré, fragmenté, malmené… Au centre de l’un des fragments, une grande partie de la matière qui le composait serait entrée en fusion.
À sa périphérie, des amas de gaz et de poussière se seraient formés. Ainsi seraient nés notre système solaire et les planètes qui le composent. Dont la Terre. C’est en tout cas la version la plus couramment admise par les scientifiques depuis le XVIIIe siècle. Du moins jusqu’à ce qu’une équipe de chercheurs niçois vienne préciser les choses.
Le modèle de Nice
En 2005, paraissait dans la prestigieuse revue Nature un article intitulé « le modèle de Nice ». Cette publication allait remettre en cause la théorie établie selon laquelle les planètes de notre système solaire s’étaient développées sur leur orbite actuelle. Une hypothèse qui ne colle pas avec certaines lois de la physique. Grâce à de puissants calculs, des chercheurs de l’Observatoire de la Côte d’Azur ont donc établi un tout autre scénario.
Jupiter et Saturne auraient opéré une longue migration de 700 millions d’années. Ces deux géantes gazeuses, alors que les planètes telluriques dont la Terre n’étaient encore que des embryons, se seraient rapprochées du soleil. Expulsant au passage Neptune et Uranus. Dans ce grand carambolage stellaire, une pluie d’astéroïdes et de comètes se serait abattue sur la Terre. Et si cette apocalypse était en fait à l’origine de la vie sur Terre ?
À la pointe de la recherche
Les équipes de recherche de l’Observatoire de la Côte d’Azur mènent l’enquête. Ils ont été choisis pour analyser des fragments de corps stellaires qui seront prélevés dans le cadre de deux missions spatiales en cours. Les scientifiques du Mont-Gros collaborent également avec la Nasa à un autre programme spatial qui vise cette fois à protéger notre planète si un astéroïde venait à nouveau la menacer. Ils sont aussi à l’origine d’une petite révolution technologique, un instrument d’optique de la taille d’une boîte d’allumettes capable de démultiplier la puissance des plus grands télescopes terrestres. De quoi ouvrir de nouveaux horizons. Avec peut-être, à la clé de leurs observations, LA découverte que toute la communauté scientifique internationale traque depuis qu’a été identifiée la première exoplanète, il y a plus de 25 ans : une autre Terre.
En quête d’une autre Terre
Car l’hypothèse d’une vie extraterrestre n’a plus rien de farfelue. Les briques essentielles de l’incroyable biodiversité qui s’est développée ici-bas pourraient, d’ailleurs, venir en réalité du fin fond de l’univers. Ce n’est plus un scénario fiction, mais le fruit de recherches scientifiques, menées notamment au Mont-Gros. Car, plus de 140 ans après sa création, l’Observatoire de la Côte d’Azur reste un des acteurs majeurs de cette fabuleuse odyssée de l’espace.