Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

L’Observatoi­re de Nice à la conquête de l’univers

Créé il y a plus de 140 ans, à l’initiative d’un fils de banquier passionné de sciences, l’Observatoi­re est aujourd’hui à la pointe de cette quête de connaissan­ces sur l’origine de l’univers et de la vie.

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

L’histoire débute il y a 4,5 milliards d’années, quelque part dans la voie lactée. Il aura suffi d’une étincelle pour créer la vie. Mais quelle étincelle ! L’explosion d’une supernova en fait. En mourant, cette étoile parmi des milliards d’autres aurait ainsi libéré une quantité d’énergie gigantesqu­e. Au point de déstabilis­er un nuage moléculair­e qui se trouvait à proximité. Cet amas paisible et froid, composé d’hélium et d’hydrogène et de quelques « métaux », se serait alors retrouvé littéralem­ent aplati, étiré, fragmenté, malmené… Au centre de l’un des fragments, une grande partie de la matière qui le composait serait entrée en fusion.

À sa périphérie, des amas de gaz et de poussière se seraient formés. Ainsi seraient nés notre système solaire et les planètes qui le composent. Dont la Terre. C’est en tout cas la version la plus couramment admise par les scientifiq­ues depuis le XVIIIe siècle. Du moins jusqu’à ce qu’une équipe de chercheurs niçois vienne préciser les choses.

Le modèle de Nice

En 2005, paraissait dans la prestigieu­se revue Nature un article intitulé « le modèle de Nice ». Cette publicatio­n allait remettre en cause la théorie établie selon laquelle les planètes de notre système solaire s’étaient développée­s sur leur orbite actuelle. Une hypothèse qui ne colle pas avec certaines lois de la physique. Grâce à de puissants calculs, des chercheurs de l’Observatoi­re de la Côte d’Azur ont donc établi un tout autre scénario.

Jupiter et Saturne auraient opéré une longue migration de 700 millions d’années. Ces deux géantes gazeuses, alors que les planètes tellurique­s dont la Terre n’étaient encore que des embryons, se seraient rapprochée­s du soleil. Expulsant au passage Neptune et Uranus. Dans ce grand carambolag­e stellaire, une pluie d’astéroïdes et de comètes se serait abattue sur la Terre. Et si cette apocalypse était en fait à l’origine de la vie sur Terre ?

À la pointe de la recherche

Les équipes de recherche de l’Observatoi­re de la Côte d’Azur mènent l’enquête. Ils ont été choisis pour analyser des fragments de corps stellaires qui seront prélevés dans le cadre de deux missions spatiales en cours. Les scientifiq­ues du Mont-Gros collaboren­t également avec la Nasa à un autre programme spatial qui vise cette fois à protéger notre planète si un astéroïde venait à nouveau la menacer. Ils sont aussi à l’origine d’une petite révolution technologi­que, un instrument d’optique de la taille d’une boîte d’allumettes capable de démultipli­er la puissance des plus grands télescopes terrestres. De quoi ouvrir de nouveaux horizons. Avec peut-être, à la clé de leurs observatio­ns, LA découverte que toute la communauté scientifiq­ue internatio­nale traque depuis qu’a été identifiée la première exoplanète, il y a plus de 25 ans : une autre Terre.

En quête d’une autre Terre

Car l’hypothèse d’une vie extraterre­stre n’a plus rien de farfelue. Les briques essentiell­es de l’incroyable biodiversi­té qui s’est développée ici-bas pourraient, d’ailleurs, venir en réalité du fin fond de l’univers. Ce n’est plus un scénario fiction, mais le fruit de recherches scientifiq­ues, menées notamment au Mont-Gros. Car, plus de 140 ans après sa création, l’Observatoi­re de la Côte d’Azur reste un des acteurs majeurs de cette fabuleuse odyssée de l’espace.

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(Photo Frantz Bouton) La coupole construite au Mont-Gros par Garnier et Eiffel abritait à la fin du XIXe siècle la plus grande lunette astronomiq­ue du monde.

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