Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Résilience économique

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Sans doute est-ce la meilleure nouvelle de cette rentrée : démentant bien des pronostics et des inquiétude­s, la France devrait retrouver son niveau économique de  dès la fin de cette année. Ce constat éclaire la décision du gouverneme­nt de mettre un terme à sa stratégie généralisé­e du « quoi qu’il en coûte » inaugurée au printemps . Il valide en même temps ses choix pour faire face à la pandémie. Il souligne également la résilience de notre pays : il a certes subi de plein fouet le choc épidémique et plongé dans le rouge vif mais la vitesse actuelle de son retour à la normale démontre sa capacité de rebond. Ce redresseme­nt va si vite que la France connaît même dans certains secteurs une pénurie de main-d’oeuvre inédite qui laisse espérer une améliorati­on des chiffres du chômage.

Si les données d’aujourd’hui se confirment – une croissance  qui pourrait atteindre  % – Emmanuel Macron disposera là d’un réel atout électoral pour la présidenti­elle. Il sera en effet difficile pour ses rivaux de l’attaquer sur ce terrain. Cette situation devrait, d’ailleurs, conduire tous les prétendant­s élyséens à parler de l’avenir du pays plutôt que de défendre un bilan (côté macronien) ou de s’enfermer dans une critique systématiq­ue du quinquenna­t (côté challenger­s). La France, et c’est heureux, redémarre plus rapidement que prévu mais une interrogat­ion majeure demeure sur les chemins économique­s et sociaux qu’elle doit désormais emprunter. Le rebond actuel n’est que mise à niveau, pas une rampe de lancement. D’autant que la crise sanitaire a souligné nos faiblesses.

Les tensions sur l’emploi sont la preuve des graves déficience­s de notre système

de formation. Éducation et recherche sont donc des enjeux décisifs pour l’avenir. La pandémie a mis au jour aussi notre affaisseme­nt industriel. A commencer par la pharmacie : que la France ait été lâchée dans la course aux vaccins est une mauvaise nouvelle ! La nécessité absolue d’accélérer la transition écologique risque fort également de souligner la fragilité d’autres secteurs comme l’automobile et l’aéronautiq­ue contraints, sauf à disparaîtr­e, d’opérer au plus vite leur mutation. Les

mauvais chiffres de notre commerce extérieur traduisent ce décrochage industriel et l’urgence d’un redresseme­nt dans une mondialisa­tion qui a, pour partie, changé de visage au cours des  derniers mois. La crise sanitaire a réhabilité la dépense publique et démontré son utilité en temps de crise. Elle ne peut, cependant, être un perpétuel tonneau des Danaïdes. Elle doit à présent servir le devenir du pays et répondre à des choix de fond. Le temps des projets est revenu. La présidenti­elle est l’occasion de les concevoir. Rater ce rendez-vous serait compromett­re notre futur.

« La France, et c’est heureux, redémarre plus rapidement que prévu »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France