Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Résilience économique
Sans doute est-ce la meilleure nouvelle de cette rentrée : démentant bien des pronostics et des inquiétudes, la France devrait retrouver son niveau économique de dès la fin de cette année. Ce constat éclaire la décision du gouvernement de mettre un terme à sa stratégie généralisée du « quoi qu’il en coûte » inaugurée au printemps . Il valide en même temps ses choix pour faire face à la pandémie. Il souligne également la résilience de notre pays : il a certes subi de plein fouet le choc épidémique et plongé dans le rouge vif mais la vitesse actuelle de son retour à la normale démontre sa capacité de rebond. Ce redressement va si vite que la France connaît même dans certains secteurs une pénurie de main-d’oeuvre inédite qui laisse espérer une amélioration des chiffres du chômage.
Si les données d’aujourd’hui se confirment – une croissance qui pourrait atteindre % – Emmanuel Macron disposera là d’un réel atout électoral pour la présidentielle. Il sera en effet difficile pour ses rivaux de l’attaquer sur ce terrain. Cette situation devrait, d’ailleurs, conduire tous les prétendants élyséens à parler de l’avenir du pays plutôt que de défendre un bilan (côté macronien) ou de s’enfermer dans une critique systématique du quinquennat (côté challengers). La France, et c’est heureux, redémarre plus rapidement que prévu mais une interrogation majeure demeure sur les chemins économiques et sociaux qu’elle doit désormais emprunter. Le rebond actuel n’est que mise à niveau, pas une rampe de lancement. D’autant que la crise sanitaire a souligné nos faiblesses.
Les tensions sur l’emploi sont la preuve des graves déficiences de notre système
de formation. Éducation et recherche sont donc des enjeux décisifs pour l’avenir. La pandémie a mis au jour aussi notre affaissement industriel. A commencer par la pharmacie : que la France ait été lâchée dans la course aux vaccins est une mauvaise nouvelle ! La nécessité absolue d’accélérer la transition écologique risque fort également de souligner la fragilité d’autres secteurs comme l’automobile et l’aéronautique contraints, sauf à disparaître, d’opérer au plus vite leur mutation. Les
mauvais chiffres de notre commerce extérieur traduisent ce décrochage industriel et l’urgence d’un redressement dans une mondialisation qui a, pour partie, changé de visage au cours des derniers mois. La crise sanitaire a réhabilité la dépense publique et démontré son utilité en temps de crise. Elle ne peut, cependant, être un perpétuel tonneau des Danaïdes. Elle doit à présent servir le devenir du pays et répondre à des choix de fond. Le temps des projets est revenu. La présidentielle est l’occasion de les concevoir. Rater ce rendez-vous serait compromettre notre futur.
« La France, et c’est heureux, redémarre plus rapidement que prévu »