Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les Américains se retirent aujourd’hui d’Afghanistan
La menace terroriste restait très élevée hier selon le Pentagone à l’encontre de l’aéroport de Kaboul, encore visé par des roquettes du groupe État islamique.
Le président Joe Biden a fixé a aujourd’hui l’échéance pour retirer les dernières forces américaines d’Afghanistan, où elles étaient entrées en 2001 pour chasser du pouvoir les talibans, en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre.
Deux décennies plus tard, les talibans ont profité du retrait américain progressif ces derniers mois et de l’effondrement des forces de sécurité afghanes pour entrer dans Kaboul le 15 août et reprendre le pouvoir, après une offensive militaire éclair non anticipée par Washington.
« Les menaces sont encore réelles »
Le retour des islamistes au pouvoir a obligé les Occidentaux à évacuer dans la précipitation depuis l’aéroport de Kaboul leurs ressortissants et des Afghans susceptibles de subir des représailles de la part des talibans, notamment pour avoir travaillé pour les forces étrangères. Ce gigantesque pont aérien a permis d’exfiltrer 122 000 personnes, selon les derniers chiffres communiqués hier par le Pentagone.
La tension autour de la dernière phase des opérations d’évacuation est à son comble depuis l’attentat de jeudi aux abords de l’aéroport, revendiqué par l’État islamique au Khorasan (EI-K) et qui a fait plus d’une centaine de morts dont 13 militaires américains.
« Nous sommes à un moment particulièrement dangereux, a mis en garde le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Les menaces sont encore réelles, actuelles et souvent précises. » Hier, l’EI-K a revendiqué avoir tiré six roquettes contre l’aéroport, ce qui n’a pas affecté les opérations d’évacuation qui ont continué « sans interruption », selon la Maison Blanche. Joe Biden, sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise, a accueilli dimanche les dépouilles des 13 soldats tués jeudi, sur la base militaire de Dover, dans le Delaware. Les États-Unis déplorent 2 500 morts et une facture de plus de 2 000 milliards de dollars en 20 ans. Ils ressortent de cette guerre, la plus longue de leur histoire, avec une image encore plus écornée par leur incapacité à prévoir la rapidité de la victoire talibane et par leur gestion des évacuations.
Et nombre d’analystes craignent que le retour au pouvoir des talibans ne galvanise les groupes jihadistes, comme l’EI, responsable de certains des plus sanglants attentats commis ces dernières années en Afghanistan, ou Al-Qaïda. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté hier soir une résolution gravant dans le marbre les « engagements » des talibans en faveur du départ «sûr» de ceux qui veulent quitter l’Afghanistan, sans toutefois exiger la zone protégée évoquée par la France. Treize des 15 membres ont voté en faveur de ce texte rédigé par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, tandis que la Chine et la Russie se sont abstenues.