Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
RALLYE MONT-BLANC MORZINE (- SEPTEMBRE) « Elle marche encore mieux »
Convié à remonter le temps par un certain Sébastien Loeb, François Delecour se réjouit de prendre à nouveau en main une Peugeot 306 Maxi, ce week-end en Haute-Savoie.
Dès l’annonce, il y a moins d’un mois, l’écho de la bonne nouvelle s’est répandu à toute vitesse dans les montagnes et bien au-delà. Un vrai buzz ! Vendredi et samedi, sur les pentes du MontBlanc, champ d’action de la quatrième manche du championnat de France asphalte, Sébastien Loeb va ainsi dégourdir ses semelles aux manettes de la Maxi qu’il avait failli imposer lors du Rallye du Var . Cette fois, le recordman alsacien du WRC ne luttera pas seul contre les quatre roues motrices puisque le Sébastien Loeb Racing aligne une seconde Lionne. Son pilote ? Un quinqua varois ( ans) vivant au Plande-la-Tour. Pas n’importe qui : François Delecour ! Rencontré juste avant de mettre le cap sur Morzine, l’ancien serviteur de la maison Peugeot Sport jubile à l’idée de retrouver le fauve avec lequel il avait marqué de sa griffe les saisons , et .
François, cette invitation, vous l’avez vu venir ?
Ah non, pas du tout ! Elle est tombée au cours d’une discussion, ici, cet été, lors d’une soirée ensemble. Seb m’a dit tout simplement : « Tiens, on vient d’acheter une deuxième Maxi, ça te plairait de la piloter ? » Moi, évidemment, je ne me suis pas fait prier. Bien sûr que ça me botte ! Vous me connaissez. J’ai répondu OK tout de suite.
Comment s’est nouée votre amitié avec Sébastien ?
On se croise souvent chez lui (Loeb possède une résidence secondaire à Sainte-Maxime, ndlr) ou chez moi, c’est vrai. Perso, j’ai toujours été assez fasciné par le pilote, son parcours hors norme, sa réussite exemplaire. Réciproquement, je pense que Sébastien apprécie ma personnalité, mon caractère. Et puis il y a quelques ressemblances qui nous rapprochent. Attention, je ne parle pas de nos palmarès respectifs. Lui, il culmine tellement plus haut. Incomparable ! En revanche, nous avons embrassé la passion des sports mécaniques un peu de la même manière : d’abord des conneries en mobylette, ensuite un début de carrière sans argent, en raclant les fonds de tiroirs. Bref, on se comprend...
Sébastien adore la Maxi. Pourquoi cette kitcar litres a-t-elle autant marqué les esprits, plus que la Megane ou la Xsara ?
Avant tout, je pense qu’elle a un look plus sympa que
la Megane. C’est indéniable. Ses lignes, son allure, son gabarit râblé... Le bruit rageur du moteur qui hurlait à l’époque jusqu’à tr/min a également forgé sa réputation. Enfin, que ce soit Gilles (Panizzi) ou moi, on a quand même réussi quelques coups d’éclat inoubliables en Mondial. Sur l’asphalte, avec nos deux roues motrices, on taquinait souvent les WRC. Au Tour de Corse , par exemple, je finis très près de Colin McRae (e à ’’ de la Subaru Impreza victorieuse). on déboulait à des vitesses hallucinantes. Au taquet, même sous la pluie... En , aussi, au MonteCarlo, je pars en luge dans le décor enneigé du col des Garcinets. L’auto est froissée mais on réussit à s’extirper du trou. Et un peu plus loin, au Turini, sur route sèche, je signe le temps scratch devant les WRC avec une caisse complètement tordue. Incroyable ! sur le papier, ce n’est pas le terrain idéal pour rivaliser avec les x ?
Oui et non. En montée, dans les épingles, c’est vrai qu’on ne bénéficie pas de la même motricité pour relancer. En revanche, dans les enchaînements rapides, la a de beaux restes. Sans oublier le freinage, son principal atout. À condition de savoir l’exploiter à fond, en pressant la pédale très tard et très fort jusqu’à aller à l’encontre des rampes de différentiel pour qu’elles contrent le blocage des roues. Gilles maîtrisait parfaitement cette subtilité. Il savait très bien tutoyer la limite. Moi, là, je n’entends pas encore le claquement caractéristique du diff’. Je peine un brin à retrouver cette osmose. Mais ça va venir.
Au Rallye du Var , avant son abandon le dimanche matin, moteur cassé, Sébastien Loeb talonnait la Ford Fiesta WRC du leader David Salanon.
Une Maxi peut-elle s’inviter sur le podium ce week-end à Morzine ? Ça va être compliqué, je pense. La catégorie R a beaucoup évolué. Avoir quatre roues motrices, c’est quand même un avantage certain sur ce terrain. Et puis Seb n’a plus chassé le chrono là-haut depuis une éternité (deux participations au Mont-Blanc, en et ). Pas facile de lutter contre les spécialistes du championnat de France qui connaissent les routes par coeur. Je m’en suis rendu compte l’an dernier avec l’Alpine, notamment en Haute-Savoie face à Emmanuel Guigou.
Sébastien vous prête l’auto donc vous n’avez pas le droit de finir devant lui, hein ?
Tout à fait ! (Il éclate de rire) Si l’occasion se présente, je ne vais pas me gêner, comptez sur moi. Sérieusement, il n’y a pas de rivalité. Aucun enjeu.
Il s’agit juste d’un chouette coup de com’. Le but de l’opération, c’est de se faire plaisir. Et de régaler les spectateurs qui, nombreux, vont venir nous voir. Seb, pour moi, c’est un extraterrestre. Aujourd’hui, il continue de m’impressionner, de m’épater. Je suis admiratif. Il le sait.
Et après ? Quand reprendrez-vous le volant de votre Alpine A Rally ?
Il n’y a rien de prévu pour l’instant, hormis une course en République tchèque avec une A que l’on me prête. La mienne, j’aimerais bien la reprendre en main au Rallye du Var (- novembre). Le prochain Monte-Carlo % sudiste m’attire aussi. Cette fois, le parcours est tracé dans mon jardin. Dans les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-HauteProvence, je me sentirai comme à la maison. Alors on va tout faire pour y être.
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Elena y sera, Panizzi aussi
Comme on se retrouve ! Ce week-end, autour de Morzine, c’est bel et bien Daniel Elena qui officiera dans le baquet de droite de la Maxi de Sébastien Loeb. Six mois après leur tonitruante « séparation » post-Dakar, l’Alsacien et le Monégasque, toujours amis même s’ils ne font plus cause commune en rallye-raid - Loeb est désormais navigué par le Belge Fabian Lurquin -, poursuivent leur chemin ensemble côté rallye. Une route qui pourrait d’ailleurs déboucher sur un nouveau come-back en Mondial puisque le champion WRC puissance a entamé des discussions avec le team M-Sport concernant un programme à temps partiel avec la nouvelle Ford Puma Rally hybride.
De son côté, François Delecour retrouvera en Haute-Savoie une vieille connaissance, son « ex-meilleur ennemi » Gilles Panizzi. Disparu des radars du championnat de France depuis le Rallye du Var , le Mentonnais est en effet engagé au volant d’une Hyundai i R du team Enjolras Racing.