Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Au chevet des tortues d’Hermann
Pendant les jours qui ont suivi l’incendie du mois d’août dans la plaine des Maures, les agents de la réserve naturelle nationale, du conservatoire d’espaces naturels et d’autres institutions sont allés au chevet de la faune avec les collaborateurs et bénévoles de la Station d’observation et de protection des tortues et de leurs milieux (SOPTOM). Plus de deux cents tortues d’Hermann, qui avaient pu se protéger dans les anfractuosités des roches, ont été hydratées sur place. Le Village des tortues à Carnoules en a récupéré trente, brûlées à des degrés divers. Certaines ont perdu le bout d’une ou deux pattes, la plupart ont été touchées au niveau de la dossière recevant un impact puissant du feu sur les écailles. Une est décédée, les autres sont encore en soins.
Dans l’infirmerie, chacune a sa boîte posée sur sa « fiche d’identité ». Toute une équipe est dédiée à leur remise en état. « On les nettoie, on les lave, on les hydrate, on leur passe des crèmes cicatrisantes, explique Franck Bonin, directeur de l’établissement et vétérinaire. On réalise aussi des injections de solutés, du glucose, pour les réhydrater afin qu’elles retrouvent leur équilibre hydroélectrique. La plupart étaient totalement déshydratées ».
Durant la journée, celles dont l’état de santé est satisfaisant peuvent être mises dans un enclos en plein air mais toutes passent la nuit dans l’infirmerie.
Trois femelles relâchées
Hier, les trois premières, trois femelles, deux âgées de 20 à 25 ans et l’une de 30 à 40 ans, ont été relâchées au point GPS exact où elles ont été trouvées. « Tous les reptiles sont philopatriques, ils vivent à un endroit et y sont attachés » commente Sébastien Caron, ingénieur écologue, directeur de la SOPTOM.
La période est propice pour leur laisser le temps de se réadapter et de se préparer à l’hibernation. Les positionner dans une zone calcinée n’est pas un problème. « Ces animaux peuvent ne pas manger pendant des jours, des semaines, jusqu’à deux mois » ,indique le spécialiste. Brûlées sur quelques écailles, sur la moitié ou 80 % de leur carapace, ces trois rescapées « sont balisées avec des émetteurs pour les suivre pendant un a deux ans pour savoir comment elles s’en sortent » précise-t-il. L’autre bonne nouvelle, c’est la découverte dans la réserve de bébés tortues dès les premières pluies de septembre et l’éclosion aussi de serpents. « S’il y a un message important à faire passer au public c’est de ne surtout pas les ramasser » insiste Franck Bonin.