Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Carcès : le président du comité des fêtes se servait dans la caisse
Joël B. ne nie pas. Mais avant d’entendre à la barre des aveux de la bouche même du prévenu, le tribunal correctionnel de Draguignan aura dû poser des questions bien précises. « J’étais pris dans une spirale, admet finalement l’ancien président du comité des fêtes de Carcès. Aujourd’hui, j’ai compris. Je regarde pour un prêt bancaire afin de rembourser ce que je dois…»
Pendant un an, en 2018, Joël B. a eu à plusieurs reprises un usage tout personnel de la carte bancaire de l’association : pour faire le plein de sa voiture, payer le restaurant ou régler les mensualités de son leasing chez Dacia… Il a aussi récupéré plusieurs enveloppes de liquides lors des différentes fêtes organisées par le comité. Au total, l’ancien gardien de prison aurait détourné plus de 4 500 euros des caisses de l’association.
« Les sommes peuvent paraître ridicules, mais pour dans un village comme Carcès et pour le comité des fêtes, c’est important, précise le procureur David Malicot. Durant vingt ans, cette association a oeuvré à l’animation de la commune, et par votre faute, elle s’est retrouvée en difficulté. »
Au lendemain de la découverte de l’abus de confiance de l’ancien président, l’association a ainsi dû demander une subvention exceptionnelle de 700 euros afin de rester à flots.
« Je regrette, j’ai abusé, bredouille Joël B.. Pour l’essence, comme je venais souvent du village d’à côté, on m’avait dit que je pouvais... J’ai aussi payé un restaurant à un orchestre qui était susceptible de venir jouer. » – « Ce sont déjà des comportements limites qui auraient dû être discutés en assemblée générale, pointe la présidente Géraldine Garcia. Et je suis sûre que les membres de l’association n’auraient pas accepté que vous payiez un dîner pour une amie ou le leasing de votre voiture...»
Réponses évasives pour les curieux
Joël B. n’en est pas à son coup d’essai.
En 2007, alors surveillant pénitentiaire, il s’était déjà servi dans la caisse d’une association dont il avait la gérance. Il avait été condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis. À Carcès, selon les membres de l’association, il avait fait le vide autour de lui afin d’avoir les coudées franches. « Les personnes qui pouvaient effectuer un contrôle étaient tenues à distance, note Me Céline Lorenzon. Et quand ils s’intéressaient au sort de l’argent récolté, ils avaient droit à des réponses évasives. »
Plus dérangeant pour le parquet, Joël B. n’a entrepris aucune démarche pour rembourser le comité. « J’ai des difficultés financières, c’est un peu dur...» explique le prévenu.
Mais qu’importe pour le tribunal. Malgré « le temps passé et ses efforts pour faire vivre l’association sous sa présidence » comme l’a noté son avocat Me Nicolas Schneider, Joël B. est condamné à six mois de sursis probatoire avec obligation d’indemniser l’association à hauteur de 4 595,98 euros.