Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Beaucoup d’adolescent­s se passeraien­t bien du pass

Imposé depuis jeudi aux 12-17 ans, le pass sanitaire ne semble toutefois pas adopté par tous. Certains ne veulent pas encore se faire vacciner. Et ceux qui le sont parlent de « contrainte­s ».

- ANAÏS GRAND agrand@nicematin.fr

D’un côté, il y a Lilou, Clarisse et Marylou. De l’autre : Flavy. Toutes sont amies et scolarisée­s au lycée SaintExupé­ry, à Saint-Raphaël. Et toutes, souhaitent se voir en dehors des cours, au restaurant ou au cinéma. Mais voilà.

Alors que les trois premières détiennent le pass sanitaire, la dernière refuse de se faire vacciner. Depuis le 30 septembre pourtant, elle doit présenter la preuve d’avoir reçu les deux doses pour jouir de toutes les sorties possibles entre copines. « Je ne le ferai jamais, insiste Flavy, 15 ans. Et mes parents ne sont pas pour que le fasse non plus. »

La raison ? L’adolescent­e est persuadée « que personne ne sait vraiment ce qu’il y a dedans ». Tant pis pour les sodas servis en bord de mer.

« Ça ferme des portes »

Et si cela semble gêner Marylou, soucieuse de continuer de voir ses amies en dehors du lycée, la plus jeune et la plus réfractair­e a trouvé une solution : « Les tests PCR seront toujours gratuits pour nous, les mineurs, alors je me ferai dépister ! »

De l’autre côté du parvis de l’établissem­ent scolaire où sont assises les filles pour déjeuner, des garçons discutent d’une tout autre parade à la pizzeria La Parenthèse. « J’ai des copains qui utilisent les pass des autres pour aller au bar », détaille Ulys.

Lui n’est pas concerné. Âgé de 17 ans, il a pris la décision de se faire vacciner sans avoir besoin de l’accord de ses parents - les jeunes en sont exemptés à partir de 16 ans.

Mais cela vise plutôt Morgan, qui n’a toujours pas reçu le sérum… « Jamais je ne prendrai celui des autres, rétorque-t-il, illico. J’anticipera­i avec le coton-tige (le test PCR ou antigéniqu­e Ndlr). J’ai décidé de ne pas avoir le pass sanitaire. Certes, ça ferme des portes. Mais je suis de nature casanier. Alors ça ne me dérange pas. »

 % de sa clientèle sont des mineurs

Problème réglé ? Pas vraiment. Car si Ulys et Sacha détiennent le pass, ils estiment ne plus vraiment pouvoir aller partout… « En boîte de nuit, parfois, on ne nous demandait pas la carte d’identité. On rentrait, même si on a 17 ans. Là, si les videurs ne la demandent pas, ils peuvent voir notre date de naissance en dessous du QR code. On risque de se faire refouler, comme on n’est pas majeur », s’inquiète Sacha.

Son père, Christophe Metta, le gérant de la pizzeria, se soucient plus de son entreprise. Parmi la clientèle de son snack restaurant, « 95 % sont les jeunes du lycée. Ce n’est pas possible de leur demander le pass sanitaire. J’en sers énormément et rapidement le midi. Et je suis tout seul derrière le comptoir, comme en cuisine ! »

S’il assure toutefois s’adapter et « faire (son) boulot », la dispositio­n lui laisse un goût amer…

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(Photo Philippe Arnassan) La clientèle de la pizzeria La Parenthèse est composée à  % de jeunes, selon le gérant qui, seul à servir, pense ne pas pouvoir demander le pass à tout le monde.

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