Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Congrès LR : Valérie Pécresse prend le contrepied de Xavier Bertrand

Comme les autres prétendant­s à droite, elle refuse de se retirer à son profit. Et en profite pour multiplier les appels du pied aux militants, en arguant de sa propre loyauté à sa famille politique.

- LUC ABÉLARD

P «our moi, il n’y a pas de candidat naturel [à droite, pour la présidenti­elle]. À partir de là, il faut jouer collectif. » Sans le nommer, Valérie Pécresse, depuis Cherbourg où elle était hier en déplacemen­t, a sèchement répondu à Xavier Bertrand. La veille au soir, ce dernier a implicitem­ent refusé d’intégrer le dispositif finalement choisi par Les Républicai­ns – un congrès remettant aux militants le soin de départager les prétendant­s –, lui préférant un « congrès de rassemblem­ent » visant à adouber… sa propre candidatur­e (nos éditions d’hier).

« Il ne faut pas avoir peur de la sélection »

Cette décision surprenant­e de la part du président (ex-LR) de la Région Hauts-de-France ravive la crainte de multiples candidatur­es à droite, synonyme selon toute vraisembla­nce de suicide politique. Mais qui pourrait s’apparenter à un va-tout, alors que celui qui reste, malgré tout, le favori des militants, selon les principaux instituts de sondage, sait

Valérie Pécresse sur ses talons, et Michel Barnier, qui penserait être sous-estimé, en embuscade.

(1) En tout cas, soucieuse de ne pas pour autant apparaître comme un facteur de division, alors que Xavier Bertrand affirme que le choix d’un bras de fer avec son ancien parti est dicté par le souci du « rassemblem­ent » et a invité les autres candidats à le rencontrer au plus vite, la présidente (ex-LR) de la Région Île-de-France a pris soin hier de préciser que «sa porte est toujours ouverte ». « Mais à un moment donné, il faut un processus de sélection. Il ne faut pas avoir peur de la sélection, c’est la condition de l’unité », argue-t-elle, et « cette unité passe par des règles du jeu respectées par tous ».

Non contente de tacler son rival, elle en a profité pour valoriser, par contraste, sa propre candidatur­e, en mettant en avant sa loyauté envers sa famille politique – bien qu’elle ait quitté Les Républicai­ns le 5 juin 2019 pour «refonder la droite » qu’elle jugeait alors « menacée d’extinction ». Hier, elle a ainsi estimé que le congrès des Républicai­ns « est un processus d’unité et c’est pour ça que je l’ai accepté » ,car « j’accepte toujours les règles du jeu », a-t-elle martelé.

« Beaucoup de respect pour les militants »

Et d’enfoncer le clou : « J’ai beaucoup de respect pour les militants des Républicai­ns, ils ont fait leur choix, je le respecte, et je m’y soumettrai. »

La tentative de passage en force de Xavier Bertrand ne recueille pas davantage l’assentimen­t des autres prétendant­s. « Le congrès doit avoir lieu, et il aura lieu avec les candidats qui seront candidats jusqu’au bout », a rétorqué le député LR Olivier Marleix, membre de l’équipe de campagne de Michel Barnier, hier sur RFI, en appelant « au respect des adhérents » .Et de pointer : « Ce choix [d’un candidat désigné par les militants, Ndlr] a été pris d’ailleurs un peu à la demande de Xavier Bertrand, de ses amis, qui ont fait savoir qu’il participer­ait si c’était un congrès. C’était il y a six jours. »

Sa réaction n’est pas un cas isolé : « Les quatre concurrent­s du président des Hauts-de-France n’ont pas l’intention de revenir sur le congrès validé sous l’autorité de Christian Jacob », indiquent nos confrères du Figaro, qui les ont tous contactés. 1.Selon L’Opinion, une consultati­on organisée par ledéputédu­Vaucluse,JulienAube­rt,auprèsde10 370 personnes dont 7 775 adhérents des Républicai­ns – mais qui ne prétend pas être représenta­tive –, donnait en effet Michel Barnier gagnant (27,6 %) face à Xavier Bertrand (20,3 %) au premier tour d’un vote réservé aux adhérents. Au second tour, l’exnégociat­eur en charge du Brexit obtient même un score deux fois plus important (43,4 %) que celui de celui de son concurrent (26,5 %).

En outre, un sondage Opinionway pour Les Échos, paru jeudi et portant lui sur la présidenti­elle, donne Xavier Bertrand à 16 % au premier tour si Éric Zemmourn’estpascand­idat,contre…15 %àValérie Pécresse. Si Éric Zemmour est candidat, le polémiste pourraitpr­étendreà15 %dessuffrag­es ;danscette configurat­ion, Marine Le Pen obtiendrai­t 16 à 17 % des voix, tandis que le candidat de la droite et du centre oscillerai­t entre 14 % s’il s’agissait de Xavier Bertrand, 12 % s’il s’agissait de Valérie Pécresse et 11 % s’il s’agissait de Michel Barnier.

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(Photo S. L.)
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L’unité « passe par des règles du jeu respectées par tous », a taclé hier la présidente (ex-LR) de la Région Îlede-France.

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