Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
HyMex : 10 ans de recherche pour affiner les prévisions
Initié en 2010, le programme HyMex a été clôturé en 2020. Avec quelques jours de prolongation, pour permettre d’ultimes relevés hydrologiques dans les vallées sinistrées par Alex. Durant dix ans, jusqu’à 400 chercheurs français, mais aussi espagnols, italiens, croates, grecs ou encore sud-africains, se sont employés à recueillir des données scientifiques susceptibles de mieux comprendre les épisodes méditerranéens.
Des « verrous » difficiles à lever
« C’est un programme d’envergure, souligne Véronique Ducrocq, aujourd’hui directrice des opérations pour la prévision à Météo France et qui a coordonné le programme HyMex. Trois avions, un bateau, des ballons-sondes ont ainsi permis de réunir des données, notamment en mer où nous avions assez peu d’observations. C’était une source d’incertitude pour nos modèles, reconnaît-elle. L’un des objectifs du programme était d’améliorer nos outils de modélisations pour mieux anticiper ces épisodes météorologiques. » Ce qui n’est manifestement pas évident. «Onarrive désormais à identifier plusieurs jours à l’avance que l’on est en présence de conditions favorables à la survenue d’un tel épisode. En revanche, ce qu’on a encore beaucoup plus de mal à prévoir c’est quelle quantité d’eau il va tomber, et où exactement », explique Véronique Ducrocq. « Certaines configurations sont plus prévisibles que d’autres. Comme la tempête Alex qui avait bien été anticipée. En revanche, un autre épisode qui s’était déroulé 15 jours plus tôt dans le Gard n’avait, quant à lui, pas produit de signaux .» Or, cette chercheuse qui établit désormais les cartes de vigilance de Météo France, le sait mieux que quiconque : « L’anticipation est essentielle dans la gestion de crise. Pour la sécurité civile, six heures c’est la limite pour déployer une réponse opérationnelle adaptée même s’ils sont capables de faire des choses en moins de temps. » Grâce à HyMex, « des progrès ont été faits », souligne Véronique Ducrocq. Même s’il subsiste des « verrous », reconnaît-elle. « Il est encore quasi impossible de descendre à l’échelle infradépartementale. Il est même parfois difficile de dire si le phénomène va se produire dans un département ou celui d’à côté. Et il devrait en être ainsi pendant encore plusieurs années. »