Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Tapie et l’OM : une

Du sommet de l’Europe à la prison : c’est la folle trajectoir­e du président de l’OM (1986-1994).

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Marseille et Bernard Tapie étaient faits pour se rencontrer. Deux natures. Le même tempéramen­t. C’est le mariage d’une ville volcanique et d’un homme incandesce­nt. Marseille est passionnée, excessive, fantasque, déraisonna­ble. Tapie aussi. Tapie est vantard, sanguin, extravagan­t, ambitieux. Marseille aussi. Ces deux-là ne pouvaient pas se louper. C’est l’OM qui va les réunir. Pour une histoire de fous. Une histoire de foot. À Marseille, l’OM est plus qu’un club. C’est une institutio­n. Une raison de vivre. de l’OM. Les deux hommes ne s’entendent pas. Ne s’écoutent pas. Carrieu refuse de céder la place. Il tiendra deux mois. Le temps pour Tapie de se mettre les dirigeants, les supporters et les politiques dans la poche. Quand Tapie veut, Tapie peut. Et il peut beaucoup. Le 12 avril 1986, il est le nouveau patron de l’OM. Il arrive avec Michel Hidalgo dans ses bagages. Histoire de montrer qu’il sait aussi s’entourer. L’ex-sélectionn­eur des Bleus de France connaît le foot. Tapie ne connaît que la gagne. Quelques jours après sa prise de pouvoir, il est déjà à la une de l’ Équipe avec ce titre : « Moi, je vais réussir ! » Pour tenir parole, il recrute dix joueurs. Dont Forster, Domergue, Laurey, Passi ou Cubaynes. Il déracine Giresse de Bordeaux. Et prend Papin au nez et à la barbe des Monégasque­s. Bonne pioche. « C’est JPP qui redonnera à l’OM sa véritable identité : droit au but », dira-t-il plus tard. Hidalgo partage le banc avec Gérard Banide. Tapie, lui, ne partage rien. Surtout pas le pouvoir. En revanche, il ouvre le financemen­t du club. La mairie et Maison Bouygues, le sponsor principal, sont là pour remplir les caisses. Le Vélodrome, lui, affiche complet. Normal : chaque match est un show. La sono fait péter les décibels, Papin casse la baraque, et au final, un feu d’artifice illumine la nuit marseillai­se. Deuxième du championna­t et finaliste de la Coupe de France : l’OM est de retour. Mais Tapie n’aime pas jouer les Poulidor. Surtout quand le rôle de Merckx est tenu par les Girondins de Claude Bez. Faut dire que le président bordelais a salué l’arrivée de Tapie dans le foot par une phrase choc : « C’est un traître, un escroc et un charlatan. » Bienvenue Bernard ! La guerre Tapie-Bez va faire du bruit et quelques victimes. Le championna­t devient un champ de bataille où tous les coups sont permis.

« Quand tu prends l’OM, c’est pour aller tout en haut », affirme Tapie. Il est au sommet à l’issue de la saison 88-89 grâce au doublé coupechamp­ionnat. Il restera en altitude pendant cinq ans. Marseille remporte quatre titres de champion de France consécutif­s entre 1989 et 1992. C’est le temps des victoires, des stars. C’est le temps de la gloire. Tapie fait la pluie et le beau temps. Il s’appuie sur Canal + pour monter de toutes pièces le classico OM-PSG. Il incite Aulas à prendre Lyon. Il remue les joueurs, bouscule les arbitres, secoue les journalist­es. Il est le football français. Le tout puissant a des tas d’amis et un paquet d’ennemis.

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