Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Histoire de foot !
Histoires... Une sale affaire
Le maillot de « Canto »
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Eric Cantona signe à l’OM en mai . C’est un transfert record ( millions de francs). ‘’Canto’’ revient dans sa ville natale en carrosse... Neuf mois plus tard, il quitte le club par la petite porte après avoir jeté son maillot bleu sur le sol gelé de Sedan, furieux d’avoir été remplacé lors d’un match amical contre le Torpedo Moscou. « S’il le faut, on l’enverra à l’asile », dira Tapie qui ne pardonnera pas. La preuve : il le prêtera à Bordeaux.
Olmeta bise le silence
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L’ordre vient d’en haut. Bernard Tapie a interdit à son staff et à ses joueurs de parler aux journalistes de Nice-Matin. Nous sommes au début des années . A l’époque, ce n’est pas le grand amour entre le boss de l’OM et notre journal. Silence dans les rangs. Soudain, Pascal Olmeta monte le son. Le président s’agace et envoie son garde du corps. Réponse du gardien corse : « Moi, je leur parle. Vous direz à monsieur Tapie qu’il n’y a que mon père qui peut me donner des ordres. »
: « La disparition de Bernard Tapie m’attriste profondément. C’est sous sa direction, à l’Olympique de Marseille, que j’ai connu mes premiers grands succès, que j’ai remporté mes premiers titres, notamment le plus beau qu’un joueur puisse rêver avec son club, la Ligue des champions, le 26 mai 1993 (...) Bernard Tapie était un homme passionné et passionnant quand il parlait de management, un battant qui détestait être battu et dont le mental de fer déteignait sur ses joueurs (...) »
« Durant mes deux années passées à l’OM, j’ai rencontré un Bernard Tapie qui était une personnalité forte et éblouissante. Les plus grands succès du club sont liés inévitablement à son nom. Comme président de l’OM, Bernard Tapie était par nature un battant.»
« Quand il venait dans le
L’affaire VA-OM, c’est l’histoire d’un autre match. Celui qui oppose Bernard Tapie à Éric de Montgolfier. Le président de l’OM contre le procureur de la République de Valenciennes. Le feu contre la glace. L’argent contre la justice. Le puissant contre le défenseur des petits. Le prince de l’argot contre l’aristo. Un duel épique. Une autre époque. L’affaire éclate au soir de Valenciennes-Marseille, le mai . C’est-à-dire quatre jours avant le plus grand rendez-vous de l’histoire de l’OM : la finale de la Ligue des champions face au Milan AC à Munich. A la mi-temps, Jacques Glassmann, défenseur valenciennois, porte
réclamation auprès des arbitres : « Ce match est truqué ! Il y a parmi nous des joueurs corrompus ». Le scandale est en marche.
La suite est un roman policier, un film d’action, un délire organisé. Bref, une folie pure. L’OM gagne la rencontre (-) et la Coupe aux grandes oreilles. Mais le club marseillais perdra beaucoup plus. L’affaire VA-OM, c’est deux ripoux (Robert, Burruchaga), un chevalier blanc qui passe pour une balance (Glassmann), une femme dans la tourmente (Madame Robert), un intermédiaire embastillé (Eydelie), un bras droit meurtri (Bernès), une enveloppe enterrée dans un jardin (avec francs à l’intérieur), un entraîneur intimidé (Primorac), un alibi en bois (Mellick), un président hors sujet (Mitterrand), un juge fonceur (Beffy), un procureur frondeur (de Montgolfier) et l’ombre écrasante d’un commanditaire qui finira écrasé (Tapie). C’est le bazar, pauvre Bernard ! La France tient son feuilleton de l’été. La presse se déchaîne. Chaque jour apporte son lot de révélations. Du côté de Monaco, cette histoire à tiroirs n’étonne pas grand monde. Arsène Wenger ou Manu Petit ont maintes fois évoqué des matchs suspects, des joueurs achetés, des rumeurs nauséabondes. Mais le petit monde du football se bouchait le nez et les oreilles. Cette fois, le piège s’est refermé sur les (ir) responsables. Tapie fait le show. Il attaque, se défend, contre-attaque. Il occupe le terrain. Il charge. Recule. Tombe. Se relève. Evoque la théorie du complot. En face, la machine judiciaire broie toutes ses tactiques. Il dira un jour de lassitude : « C’est une chasse organisée avec un seul objectif : tuer Tapie ! » Réponse du procureur :
« Je ne suis pas un collectionneur de peau de bête. » Deux ans après les faits, le procès VA-OM s’ouvre au tribunal de Valenciennes. Dès le premier jour, Jean-Pierre Bernès lâche une bombe. Il lâche surtout son boss : « Je ne suis que l’instrument de la corruption. L’ordre vient de Tapie. » C’est fini. Le toujours président de l’OM a perdu. Il est KO. Il prend deux ans de prison dont un an ferme. Une peine réduite à mois après l’appel. Il passera jours derrière les barreaux. « Tapie n’aurait pas dû aller en prison. Il n’a payé qu’une chose : avoir été un ancien ministre. Il aurait dû être exemplaire. Ce ne fut pas le cas. », conclut Éric de Montgolfier. L’affaire laissera un club en miettes et un homme en morceaux.