Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Anouk Genries et sa fille entament leur troisième procès d’assises
Deux fois condamnées mais à l’heure actuelle toujours considérées comme innocentes. Anouk Genries et sa fille Hélène Morat se présenteront ce lundi pour la troisième fois de leur vie devant une cour d’assises. En l’occurrence celle du Var, à Draguignan. Elles devront y répondre des faits d’assassinat sur Krénar Skando, tué le 4 juillet 2014 à Sisteron à coups de massette et de couteau. L’ancien légionnaire d’origine albanaise avait été retrouvé baignant dans son sang après que des témoins, de la rue, ont assisté à une partie de la scène.
Une première fois en 2018 devant la cour d’assises des Alpes-de-HauteProvence, Anouk Genries et Hélène Morat avaient été reconnues coupables respectivement de meurtre et de complicité et condamnées à 20 et 15 ans de réclusion criminelle. En septembre 2019, la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait retenu la préméditation et ajouté cinq ans à la peine de chacune. Mais les avocats de la défense avaient formé dans la foulée un pourvoi en cassation, estimant que le président n’avait pas énoncé de manière claire une question subsidiaire relative à l’atténuation des responsabilités des accusées. Statuant en faveur des requérants, la cour a rendu un arrêt de cassation, renvoyant mère et fille une troisième fois devant une cour d’assises.
Présumées innocentes aux yeux de la loi, les accusées devront de nouveau expliquer pourquoi ce 4 juillet 2014, Krénar Skando avait reçu plusieurs coups de massette sur le crâne tandis qu’il dormait puis une quarantaine de coups de couteau alors qu’il tentait de s’enfuir du domicile conjugal. Ayant elle-même prévenu les gendarmes, Anouk Genries s’accuse depuis le début du meurtre de son mari, dédouanant sa fille Hélène, née d’une précédente union. « C’était lui ou nous, il allait nous tuer » avait-elle ainsi affirmé à un voisin quelques minutes après les faits.
Hélène Morat, spectatrice ou actrice ?
Si la culpabilité d’Anouk Genries ne fait pas de doute, celle-ci expliquant son geste par la violence récurrente de son mari et les menaces de mort dont elle faisait l’objet, celle d’Hélène Morat ne manquera pas d’être discuté. La jeune femme, qui ne portait pas son beau-père dans son coeur, avait aidé sa mère à mettre le corps à l’abri des regards indiscrets. C’est pour cela, selon elle, qu’avaient été découvertes sur ses vêtements plusieurs taches de sang. Sa fracture du nez, elle, était survenue quand elle avait été percutée de plein fouet par Krénar Skando, qui tentait de fuir de la chambre conjugale.
Mais le crime, particulièrement sanglant, s’étant poursuivi à l’extérieur de l’habitation, plusieurs témoins ont assisté aux derniers instants de la victime. Une voisine affirme ainsi avoir vu Hélène Morat les cheveux et le visage couverts de sang. Une automobiliste certifie pour sa part qu’une autre personne qu’Anouk Genries frappait Krénar Skando, alors au sol, avec une masse. Persuadé que mère et fille « ne forment qu’un tout lié pour le meilleur et pour le pire », l’avocat général avait emporté la conviction des jurés lors du procès en appel. Aujourd’hui, les compteurs sont remis à zéro, même si Anouk Genries, défendue par Me Hervé Temime, est en détention provisoire depuis 2014. Hélène Morat se présentera libre. Me Pierre Caviglioli assurera sa défense. Les débats, qui dureront jusqu’à jeudi, seront présidés par Véronique Imbert.