Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Articulations, muscles : ce que la Covid peut affaiblir
Le 16 octobre, la cité de l’Archange accueille la 38e journée raphaëloise de médecine, rhumatologie et traumatologie sportive. Entretien avec l’un des organisateurs, le docteur Olivier Fichez.
Un événement presque devenu le résumé d’une vie à la croisée des chemins entre le sport, le corps humain et la médecine. Pour la 38e fois, la Journée raphaëloise de médecine, rhumatologie et traumatologie sportive est organisée par les docteurs Olivier Fichez et Daniel Mathelin. Entre partage, connaissances et professionnalisme, le premier cité, installé Place Coullet, a convié près de 200 confrères, le 16 octobre, pour évoquer entre autres, la génétique en 2021 dans la médecine du sport, la douleur plantaire chez le sportif, le crossfit, la musculation... Depuis plusieurs années, c’est au palais des congrès que se retrouvent les meilleurs praticiens, notamment spécialisés dans le sport. Si l’événement « très technique », pour reprendre les mots de l’organisateur, est avant tout destiné à des professionnels, le grand public connaisseur peut y assister gratuitement, ne serait-ce que pour se tenir au courant de l’actualité médicale, troublée ces derniers ces mois par la Covid-19. Ce virus a modifié notre rapport au sport, à l’activité physique, à la manière de travailler. En parallèle à cette journée spécifique, le rhumatologue “des stars” revient sur quelques évolutions constatées depuis la crise sanitaire bouleversante jusqu’au bout. Jusqu’aux lombaires, même.
Pourquoi avoir créé cette journée, il y a près de ans ? Par passion pour le sport et la médecine. On a débuté avec peu de monde, c’est par la suite que ça a pris de l’ampleur. À l’époque, il y avait très peu de contenus sur la traumatologie du sport. On a débroussaillé, on a été un peu les précurseurs. Le but, c’est de faire venir des intervenants pour évoquer l’actualité de la rhumatologie.
Vous l’évoquez tous les ans. Évolue-t-elle aussi rapidement ? Oui, avec l’arrivée de nouvelles disciplines, de nouveaux modes de vie. Par exemple, avec le crossfit, on voit arriver de nouvelles pathologies.
Ce congrès est gratuit. Pourquoi ? Généralement, l’entrée est assez chère ailleurs. Pour les étudiants, pour ceux qui vont avoir à choisir une spécialité, c’est important d’avoir accès à l’enseignement pour se former. Et puis, qui enseigne s’enseigne. Quand tu prépares ce genre d’événements, tu apprends toi-même !
La Covid- a-t-elle un impact sur la pratique du sport ?
On m’a appelé la semaine dernière pour une triathlète très sportive qui a un Covid long et qui ne peut pas courir plus de km tellement elle est essoufflée. C’est peu connu, mais comme tout virus, la Covid peut donner des atteintes articulaires et musculaires. Quand vous avez la grippe, vous avez mal partout, à tous les muscles, y compris donc au muscle cardiaque. C’est temporaire, mais sur cette période-là, l’effort peut amener à un arrêt cardiaque. C’est pour cela qu’après une grosse grippe, on déconseille le sport à haute intensité durant six jours.
Et pour “M. Tout-le-monde” ?
Il y a deux facteurs. D’un côté, celui qui a arrêté longtemps avec les fermetures des établissements, comme la salle de musculation, et qui a une telle soif de reprise qu’il va vouloir faire plus. C’est pareil pour ceux qui se sont remis au sport durant les confinements. D’un autre, il y a ceux qui veulent reprendre au même niveau de performance qu’avant, sans tenir compte que leur corps n’est plus préparé. Il faut avoir la prudence et la sagesse de reprendre avec du foncier de base avant l’entraînement physique plus poussé.
Quel est le principal risque ? Musculaire. Le muscle est une espèce d’inadéquation entre sa puissance et son élasticité, autrement dit, sa résistance. Donc, plus on s’entraîne, plus on a une puissance musculaire potentielle, et plus on a des chances de se déchirer. Ce n’est pas le cheval de labour qui va se déchirer, c’est le cheval de course.
Comment jugez-vous la généralisation du télétravail au point de vue de la santé des travailleurs ?
La posture est extrêmement importante pour tout ce qui concerne les lombaires. Généralement, au bureau, les personnes ont des sièges relativement corrects, à la maison c’est un peu moins le cas, surtout en travaillant à la cuisine, sur un lit ou la banquette. L’adaptation au poste de travail est quelque chose de fondamental, en particulier pour le trio cervical, dorsal, lombaire. Paradoxalement, ce qu’on craint le plus dans les hernies discales (), c’est chez les jeunes.
Pourquoi ?
Le disque est un matelas d’eau. Au fur et à mesure de l’âge, il va se déshydrater progressivement et devenir moelleux et être moins agressif. Alors que chez le jeune, c’est un disque très dense et quand il compresse la racine, les dégâts sont plus grands.
Outre la posture, comment limiter ces effets ?
Il faut faire du gainage pour une prévention des abdominaux. C’est pareil pour les personnes qui sont très cambrées, où les mouvements de rétroversion du bassin peuvent compenser l’impact sur les articulations.
Les abdominaux ne servent pas uniquement à être beau et remarqué sur la plage...
Il n’y a pas que le côté narcissique (rires). C’est extrêmement important pour le maintien de la colonne vertébrale. Pour imager : elle est le mât d’un bateau et l’auvent c’est le muscle. Si tu as un pied de mat abîmé et que tu relâches les auvents, tu es mort. S’il est très bon, tu vas stabiliser ton mat. Le muscle, c’est la stabilisation de la colonne vertébrale. Ce qui explique pourquoi les personnes les plus touchées par les pathologies lombaires sont les sténodactylos et non les bûcherons, car ces derniers sont plus musclés et compensent cette contrainte physique par la qualité musculaire. 1. Une hernie discale survient lorsque la couche dure d’un disque dans la colonne vertébrale se déchire ou se rompt.