Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Le manifestant avait bousculé la commissaire de Nice
« Il était déchaîné. Il a réussi à mettre des policiers au sol, dont la commissaire divisionnaire Hélène Pedoya. » Le procureur Sébastien Eskandar résume ainsi la scène survenue à Nice, aux portes de Carrefour TNL, le 11 septembre dernier. L’homme dont il est question est autrement plus calme, hier après-midi, à l’audience correctionnelle. Mais il écope de 6 mois ferme et reste en prison. Joshua M’Tar, Niçois âgé de 26 ans, avait jusqu’ici un casier judiciaire vierge. Son comportement lors des manifestations antipass sanitaire, en revanche, avait déjà été remarqué. Aujourd’hui, il assume et regrette l’emportement qui lui vaut d’être dans le box. « Je m’excuse auprès des forces de l’ordre... »
Ce samedi-là, voilà déjà deux mois que la fronde anti-pass rythme les samedis à Nice. Une partie du cortège fait scission, et se dirige vers Carrefour TNL. L’accès au centre commercial lui est barré. Certains tentent alors de rentrer par le parking. Puis par le McDonald’s.
Coups, balayette...
Deux manifestants tentent avec insistance d’accéder au restaurant. L’un d’eux n’a que 17 ans : il sera devant le juge des enfants. Le second, c’est donc Joshua M’Tar. La commissaire Hélène Pedoya, responsable du dispositif de sécurité ce jour-là, vient lui dire de renoncer.
« Mme Pedoya est arrivée calmement. Elle lui a dit que cela ne servait à rien. Elle a été bousculée, a reçu des coups de coude », rapporte son avocat, Me Jordan Haddad.
La commissaire présentera des contusions aux bras. Est-ce dû aux coups de Joshua M’Tar ? Ou à cette gazeuse qui aurait été lancée contre elle ? L’intéressé l’assure : il n’a pas réalisé la violence de ses gestes. D’autres policiers interviennent pour l’interpeller. Non sans mal. « Il a mis par terre quatre fonctionnaires de police ! », s’indigne leur avocate, Me Emilie Farrugia. Coup à l’abdomen, balayette... Le manifestant surexcité enchaîne les mauvais gestes. Les blessures restent toutefois très légères.
« Dans le feu de l’action, il a du mal à avoir le discernement nécessaire pour s’arrêter. Même s’il met du temps à comprendre les choses, il est profondément désolé », assure Me Virginie Parriaux.
« Ces manifestations lui permettent d’exister »
Pour son avocate, Joshua M’Tar est « un suiveur », pas un meneur. Elle brosse le portrait d’un « jeune homme en souffrance », passé par une période de marginalité, à qui « ces manifestations permettent d’exister ».
Le procureur avait requis un an de prison, et une interdiction de manifester pendant trois ans. Le tribunal présidé par Julien Levrault le suit sur ce second point, prononce bien une peine d’un an, mais la répartit entre 6 mois ferme et 6 mois avec sursis probatoire. Joshua M’Tar a l’obligation de se soigner et d’indemniser les victimes.
Le tribunal le maintient en détention. Le jeune anti-pass encaisse sans broncher. Sa compagne, enceinte, quitte la salle d’audience en pleurs.