Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les braqueurs d’un trufficulteur condamnés à 5 ans de prison
Début 2019 à Forcalqueiret, deux hommes armés avaient dérobé 8,5 kg de truffes et 1 500 euros en liquide à un trufficulteur. Ils ont été retrouvés grâce à des images de vidéosurveillance.
Ils avaient pensé à (presque) tout. Les cagoules, les gants, le téléphone enregistré sous un faux nom pour passer un rendezvous bidon, la bombe lacrymogène, la filature… Jusqu’à la détérioration d’une caméra de vidéosurveillance située dans une station-service non loin du domicile de leur victime…
Malgré toutes ces précautions, Jean Laudicina et Cyril Michel méritent leur place aux côtés de Croquignol, Filochard et Ribouldingue, les « zéros » de la série des Pieds Nickelés. Aussi bien pour leur amateurisme avant les faits - le duo avait omis de vérifier si la commune de Forcalqueiret était équipée de caméras de vidéosurveillance, et elle l’est – qu’après. Sur les 8,5 kg de truffes volés à Yves (1), la grande majorité a fini par pourrir, « faute d’acheteur » a reconnu devant les gendarmes Cyril Michel.
Un gâchis qui s’ajoute au traumatisme de la victime, toujours suivi pour un syndrome dépressif réactionnel. La condamnation, ce mardi, des deux malfaiteurs à cinq ans d’emprisonnement dont un de sursis probatoire par le tribunal correctionnel pourra peut-être aider à sa guérison.
Récolte exceptionnelle
Car trois ans après les faits, le trufficulteur peine toujours à se remettre de cette soirée du 25 janvier 2019. En rentrant d’une journée de récolte « exceptionnelle, de celle qui marque une vie », il découvre sur son téléphone portable un appel d’un acheteur potentiel. « D’habitude, je me méfie et je ne donne pas rendez-vous chez moi. Mais là, j’étais crevé. J’ai baissé la garde… »
À 20 heures, quand on sonne à la porte de sa villa, Yves ouvre sans se méfier. Mais après avoir laissé entrer Cyril Michel, celui-ci enfile une cagoule et le braque avec une arme à feu. Jean Laudicina surgit et voilà le trufficulteur contraint de donner son argent, sa sacoche et sa récolte… Montant du butin : près de 9 000 euros.
Tout au long de l’instruction mais également à la barre, Cyril Michel dément avoir menacé le trufficulteur avec une arme à feu. Problème, et de taille, Yves est sûr de ce qu’il avance. Car Jean Laudicina est « obèse ». Son état de santé ne lui permet pas d’ailleurs d’assister à cette audience. Et avant que son agresseur armé enfile sa cagoule, Yves a eu le temps de l’observer. Sentant bien que sa défense vire à la brouillade, Cyril Michel tente de refiler la mandoline à son comparse. « Jean sait très bien parler. Il avait des problèmes d’argent. Je me suis senti obligé de l’aider…»
Souriez, vous êtes filmés
Mais, assure-t-il, il n’a été mis au parfum que la veille. Et non plus tôt dans la semaine, comme les enquêteurs en sont persuadés. Selon eux, le duo a été mis sur la piste d’Yves par un certain Eric, connaissance commune des trois hommes. Pour Cyril, le plan a été mis en oeuvre au McDonald’s de SaintMaximin. Là encore, la vidéosurveillance enregistre. La réunion conspiratrice. Les allers-retours pour acheter une carte SIM, une bombe lacrymogène et du scotch double face « pour mettre une autre plaque d’immatriculation à [la] voiture » de Cyril. « Finalement, on a abandonné cette idée. »
C’est donc avec la Mini Countryman du trentenaire, parfaitement reconnaissable sur les images de la ville, que le duo va suivre Yves la veille au soir puis tenter d’arracher le câble d’alimentation d’une caméra de la station-service toute proche. C’est avec cette même voiture qu’une fois leur méfait accompli, ils se rendront à un distributeur de billets pour tenter de retirer de l’argent avec la carte bancaire du trufficulteur… Grand absent de ce procès, Jean Laudicina n’a pas selon son avocat Me Pierre Crepin « la condition physique de ses prétentions de délinquants ». « Il a fait ça car il manquait d’argent, et non pour aller s’acheter des stupéfiants. » Plaçant sur un pied d’égalité les deux prévenus, le tribunal les condamne à la même peine et aux mêmes modalités d’exécution : un mandat de dépôt à effet différé en raison de l’état de santé de Jean Laudicina mais à exécution provisoire. Ils devront en outre régler la somme 17 000 euros à leur victime.
1. Le prénom a été changé.