Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Mireille Escarrat rêve « d’une ville harmonieuse »
Après les entretiens avec les maires, nous donnons la parole aux oppositions dans le Golfe, en leur demandant de réagir aux voeux prononcés.
La cheffe de file d’« Unis pour Cogolin », qui avait récolté 42 % des suffrages au second tour des élections municipales en juin 2020, se frotte au quotidien aux décisions municipales qui ne permettent pas, selon ses aspirations, de créer une harmonie. « Je pense que les Cogolinois commencent à s’en rendre compte, mais c’est malheureusement peut-être un peu tard... »
Que retenez-vous de l’interview du maire parue dans Var-matin ? Je confirme que le maire multiplie non pas les projets mais les annonces de projets. En réalité, qu’a-t-il fait pour Cogolin ? La petite salle de danse près du Cosec, la mairie annexe et maintenant un pigeonnier. En résumé, ce n’est pas grand-chose. Quand je vois les projets des communes environnantes, c’est à pleurer. Pour 2022, ses projets sont de lancer des projets, de finaliser des études, d’installer un préfabriqué pour les adolescents, lancer une application, créer une animation. Il lance des idées, ce sont des coups de coeur, mais il n’y a pas de fil directeur.
La municipalité évoque la création d’un événement, les animations ne manquent pas à Cogolin...
C’est de l’animation comme vous dites. Sur le premier mandat, je trouve que les animations étaient multiples, pas sur le plan culturel. Sur ce mandat, je pense qu’il y a moins d’animations, peut-être un effort sur le culturel. Il le reconnaît lui-même que la population est « netflixée », qu’il a dû mal à attirer du monde. Il dit qu’il se creuse la tête pour mettre en place des tickets de loterie chez les commerçants : c’est tout ce qu’il a trouvé pour animer le centre-ville. On a pourtant embauché un manager de centre-ville en début de mandat. Quand on voit les illuminations de Noël, c’était un peu tristounet.
La Ville vient justement d’adhérer au dispositif Petites Villes de Demain. Est-ce une avancée positive [entretien réalisé avant la parution du bulletin municipal, NDLR.] ?
Je ne peux pas y penser beaucoup car nous ne sommes au courant de rien. Nous découvrons, de temps en temps, en conseil, une décision du maire. J’ai rencontré le chef de projet en tant que citoyenne, j’espère que cela va déboucher sur quelque chose, on lui laisse sa chance. Sur l’intérêt du dispositif, on a voté pour. Quand le maire se plaint de son budget, je pense qu’il n’y a pas de recherche autre. En conseil communautaire, Cogolin est absente des demandes de subventions européennes. Le maire ne travaille que les dossiers immobiliers, il découvre les sujets souvent au moment le conseil.
Après le feu estival, le maire veut protéger la Ville : une bonne mesure ?
J’étais contente de voir qu’il voulait protéger Cogolin par des pare-feu de vignes : je rappelle qu’il voulait installer une plateforme de déchets sur une parcelle agricole ; il veut faire un plateau sportif au Carry sur des terres classées AOC ; il veut urbaniser des terrains en périphérie de la ville au lieu de les placer en Zone agricole protégée (ZAP), à l’Hermitan.
Le nouveau projet du maire pour le Yotel a-t-il retenu votre attention ?
Pour moi, il y a une contradiction : j’avais le chiffre d’une emprise bâtie existante de 10 000 m² alors qu’en conseil, il évoque une emprise de
18 000 m². Le projet a encore changé : on est passé de 12 villas de luxe à des escargots vus du ciel (bâtiments R + 2).
Le Yotel pose un problème dans le Schéma de cohérence territorial.
Le commissaire enquêteur a émis un avis défavorable : si les services de l’Etat suivent cet avis, cela change encore la donne pour le Yotel. L’avis tient compte des risques de submersion et souligne la contradiction entre l’espace de développement urbain stratégique que voudrait M. Lansade (construction, circulation) et sa situation dans un espace littoral sensible.
Le maire annonce qu’il s’agit de son dernier mandat à Cogolin. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Je pense que les ambitions de M. Lansade ne peuvent se contenter de la petite ville de Cogolin. Après ses ambitions départementales, voilà qu’il fait campagne pour Eric Zemmour. Il dit qu’il n’a plus son regard neuf sur Cogolin, moi je dis qu’il n’a pas changé depuis son parachutage en 2014. Cogolin n’aura été qu’un premier tremplin. Je ne sais pas ce qu’il va réaliser au final mais je sais ce qu’il va laisser : une ville sans âme, couverte de béton, remplie de logements vacants, confronté à des problèmes de circulation, sans les infrastructures adaptées. Et il nous laissera des bombes à retardement, avec le port et le Yotel. Le bilan c’est une perte de population, une envolée de constructions résidentielles.