Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
42 Rafale : l’Indonésie renforce son partenariat avec la France
L’Indonésie a signé hier une commande pour 42 Rafale, alors que Paris et Jakarta cherchent à renforcer leurs liens face aux tensions croissantes en Asie-Pacifique.
Nous nous sommes mis d’accord sur l’achat de 42 Rafale, avec un contrat signé pour 6 Rafale (jeudi), et un contrat à venir portant sur 36 », a annoncé hier le ministre de la Défense indonésien Prabowo Subianto, après une rencontre avec son homologue française Florence Parly à Jakarta.
Le contrat s’élève à 8,1 milliards de dollars (près de 7,1 milliards d’euros) pour les 42 avions et leurs armements, selon le ministère français des Armées.
Le plus grand pays d’Asie du SudEst qui cultive sa position de non-aligné, n’avait jamais acquis précédemment d’avions de combat français, mais il cherche à diversifier ses alliances face à une hausse des tensions dans la région, notamment entre la Chine et les États-Unis.
Diversification après AUKUS
Emmanuel Macron a salué «une nouvelle étape (qui) renforce nos partenariats » dans la région.
« C’est un nouveau pays Dassault, c’est ce qui en fait un contrat historique », s’est félicité le P.-D.G. de Dassault, Eric Trappier. La commande fixe une entrée en vigueur du contrat en deux fois, avec 6 appareils puis une deuxième tranche de 36. La France cherche aussi à resserrer les liens avec l’Indonésie après avoir vu sa stratégie pour s’affirmer dans l’Asie-Pacifique ébranlée l’an dernier, quand l’Australie a rompu soudainement un mégacontrat d’achat de sous-marins français et rejoint une alliance stratégique, AUKUS, avec les États-Unis et le RoyaumeUni.
Depuis cette déconvenue, Paris s’efforce de renforcer son alliance avec ses partenaires anciens, Japon et Inde, mais aussi avec l’Indonésie, et d’autres partenaires en Asie.
« Un Indo-Pacifique libre »
La France a ainsi engagé un « partenariat renforcé » avec l’Indonésie, à l’occasion de la visite du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en novembre. Florence Parly a évoqué l’importance d’une « bonne coordination entre tous les acteurs intéressés à défendre un Indo-Pacifique libre, ouvert et fondé sur un multilatéralisme efficace ».
Un accord pour des sousmarins avec Naval Group
À l’issue de sa visite, les deux pays ont également engagé une coopération de recherche et développement dans le domaine des sous-marins, avec un accord entre le groupe français Naval Group et le constructeur naval indonésien PT Pal, qui «devrait déboucher sur l’acquisition de deux sous-marins Scorpene », a ajouté le ministre indonésien.
« Ces grands contrats d’armements sont des ciments extrêmement solides qui arriment la relation bilatérale pendant des décennies », selon le ministère français des Armées.
Thales également dans la négociation
Le groupe français Thales a de son côté conclu un memorandum avec la société indonésienne PT LEN pour une coopération dans les satellites, et Nexter avec PT Pindad dans les munitions.
Les forces aériennes indonésiennes disposent d’un équipement vieillissant, essentiellement des F-16 américains et des Sukhoï russes Su-27 et Su-30, et le pays est en négociations avec de multiples partenaires afin de renouveler ses avions de combat. D’autant plus qu’un contrat que l’Indonésie avait signé en 2018 pour l’achat de onze avions de chasse Sukhoï Su-35 à la Russie ne s’est jamais matérialisé, du fait de la loi américaine Caatsa, qui prévoit des sanctions automatiques dès lors qu’un pays conclut une « transaction significative » avec le secteur de l’armement russe.