Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« La pauvreté entraîne la solitude, coupe les liens avec la société »

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La délégation varoise du Secours catholique a accompagné

14 000 personnes en 2022. Un chiffre stable pour ce qui est de l’accueil dans les locaux qui maillent le territoire. Mais qui ne compte pas celles rencontrée­s dans le cadre de la politique d’« aller vers ». Autrement dit, on peut estimer que le nombre de personnes qui bénéficien­t de l’aide, quelle qu’elle soit, de l’associatio­n, est en hausse. Délégué départemen­tal, Benjamin Rosier revient sur le rapport du Secours catholique et l’éclaire à la lumière varoise.

Dans le Var, la précarité se manifeste-t-elle de la même manière qu’au niveau national ? Oui dans les grandes lignes. Même si on observe de légères différence­s. Par exemple, dans le Var, les hommes seuls ne sont pas la deuxième catégorie de personnes accueillie­s, mais la troisième, avec tout de même 22,7 % derrière les femmes seules et les mères isolées.

Cette solitude dans la pauvreté rend le besoin d’écoute, de se confier, prépondéra­nt. Comment y répond-on dans le départemen­t ?

Effectivem­ent, la pauvreté entraîne la solitude. Coupe les liens avec la société. C’est l’une des raisons pour lesquelles des gens poussent notre porte. Nous répondons à ce besoin notamment par notre démarche d’« aller vers ». Par exemple, grâce au « fraternibu­s », qui va à la rencontre des personnes du côté de Carcès, Cotignac, Barjols, et qui propose de monter des projets. Il y a aussi les cafés fraternels et solidaires. Cette écoute, c’est aussi ce qui permet de repérer les autres besoins. Et là, la première demande qui apparaît, c’est l’aide alimentair­e.

«La misère serait moins pénible au soleil », chantait Aznavour. La météo particuliè­rement clémente en ce milieu d’automne peut-elle permettre de retarder les effets de la hausse des prix de l’énergie ? C’est sûr que dans notre région, la douceur dure plus longtemps en nombre de mois qu’à Lille ou Lyon. Mais, quand on a des revenus structurel­lement bas, ça oblige à faire des arbitrages entre se chauffer et manger.

Il faut aussi noter que beaucoup de personnes que nous accompagno­ns, notamment en zone rurale, comme en Dracénie ou en Provence verte, dans le Verdon, habitent des logements mal isolés. Pour elles, c’est la double peine.

Vous parlez du haut Var : y a-t-il des zones géographiq­ues plus marquées par la pauvreté ? Malheureus­ement, c’est mathématiq­ue : les zones plus peuplées, comme le littoral, sont de gros bassins de pauvreté, comme l’aire de Toulon - La Seyne. C’est aussi le cas du côté de Brignoles ou de Draguignan, des villes qui sont en déprise d’emploi. Et puis, il y a les zones

L’emploi, justement, est généraleme­nt la seule façon d’améliorer sa situation pécuniaire. L’économie locale permet-elle ce levier ?

C’est vrai qu’autour de Toulon, le bassin d’emploi est très tourné vers la défense et des postes très qualifiés. Dans le même temps, on trouve surtout les emplois moins qualifiés dans la viticultur­e ou le tourisme. Mais ils sont saisonnier­s. Alors avoir un emploi pérenne, pendant quelques années, c’est compliqué. Et puis, il ne faut pas oublier que le retour à l’emploi se fait souvent par étapes : il est parfois nécessaire de se réinsérer. Encore une fois, parce que la pauvreté rompt le lien.

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rurales, où les personnes sont à la fois pauvres économique­ment et isolées.

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