Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« On est motivés et on a du courage à revendre »
Les demandeurs d’emploi en situation de handicap cherchent à retrouver une place dans la vie active. Pôle emploi, Cap emploi et l’agence Synergie s’associent pour les aider.
Déterminés, pleins de bonne volonté, les demandeurs d’emploi en situation de handicap s’étaient déplacés en nombre, hier, dans les locaux de l’agence d’intérim Synergie, dans la zone artisanale du Capitou. Organisé en partenariat avec Pôle emploi Fréjus (qui avait invité 80 personnes) et Cap emploi, ce rendez-vous était à l’initiative du groupe Synergie, qui propose aux entreprises et aux institutions une offre globale de services dans la gestion et le développement des ressources humaines : recrutement, travail temporaire, formation et conseil.
« Synergie compte 370 agences en France et celle de Fréjus est la seule dans le Var à être labellisée en faveur du handicap, expliquait Jérôme Olivier, chargé de mission handicap au sein de Synergie. Nous proposons une table ronde pour mieux faire comprendre les rouages de l’emploi lorsqu’on est en situation de handicap, une animation sous forme d’échanges et de jeux, de questions afin d’apporter des réponses concrètes aux doutes, aux craintes, aux soucis de ces hommes et femmes inscrits à Pôle emploi Fréjus ».
Plus de 6 % de travailleurs handicapés à Synergie
« J’ai un gros vivier de personnel qui rayonne sur les métiers du territoire. Synergie compte 6,22 % de salariés handicapés. C’est une volonté de l’entreprise qui considère que ce qui est important, c’est la compétence. Ils sont souvent encore plus investis à retrouver une place dans la vie active », renchérit Céline Matter, chargée du recrutement et responsable de l’agence fréjusienne.
« La première étape est de dédramatiser l’emploi en situation de handicap et d’arriver à leur faire prendre conscience qu’ils représentent beaucoup d’avantages à apporter à une entreprise. Le handicap ne se voit pas à 80 %. Il n’y a que 3 % de fauteuils roulants. Après notre animation, ils s’inscrivent dans le but d’obtenir un travail au bout de la démarche », poursuit Jérôme Olivier.
« Nous sommes au coeur de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, a souligné une experte du Pôle emploi Fréjus. Nous sensibilisons les entreprises au recrutement d’employés en situation de handicap et une équipe de Pôle emploi Fréjus leur est spécialement dédiée. Des conseillers accompagnent individuellement chacun dans sa recherche d’une profession ».
Sentiment de détresse
Malgré leurs problèmes de santé, parfois très lourds comme une sclérose en plaques ou de gros vertiges incessants, une impossibilité à rester debout… les demandeurs d’emploi ont montré leur engagement à affronter leurs vies et à avancer. « On a besoin d’un travail pour vivre, d’un salaire. On est motivés et on a du courage à revendre » ; « Il y a des moments de grosse frustration, un sentiment de détresse, des situations de déprime, on n’a plus confiance en soi. Parfois, on peut baisser les bras » ; « C’est comme le temps, il y a de beaux jours et des mauvais », ont été autant de témoignages.
Accepter ne plus pouvoir faire ce qu’on faisait
« On a un sentiment de rejet, le regard des autres est très important quand on a une canne à 17 ans », confiait Laura. D’autres encore : « Ce qui m’a posé encore plus de problèmes que le regard des autres, c’est de m’accepter moi-même, accepter de n’être plus comme avant, de ne plus pouvoir faire tout ce que je faisais, accepter ne plus être la même. Ça a été très dur d’accepter d’être différente mais c’est nécessaire pour avancer autrement ».
Sonia est en fin de droits : « Il est urgent que je trouve un travail. J’étais auxiliaire de vie pendant 28 ans mais depuis mon accident, je ne peux plus soulever de charge. Je me suis réorientée vers une formation d’assistante vétérinaire. Ici, on nous fait voir le handicap autrement, plus comme une force qu’un poids. Les spécialistes nous disent d’arrêter de croire qu’on n’est plus bons à rien. La vie ne s’arrête pas à un handicap ».